Pays de la Loire : le gouvernement déterminé à mettre fin à l'instruction en famille

À l'Assemblée nationale, les débats autour de la loi confortant les principes républicains, (ex-loi contre les séparatismes) ont commencé. L'un des articles concerne l'instruction en famille. Les parents qui ont choisi ce mode d'éducation s'inquiètent...à raison. 

"Tout enfant sur le territoire françois doit aller à l'école"

"L'école est la colonne vertébrale de la République"

L'école, c'est bon pour les enfants.

Jean-Michel Blanquer, le 17 décembre

Trois phrases extraites de l'exposé de Jean-Michel Blanquer devant les députés réunis en commission spéciale, pour étudier le projet de loi sur les valeurs de la République, et qui résument la position du gouvernement sur ce que doit être l'éducation. 

Quid des enfants instruits en famille ?

Ils seraient actuellement 62 000 enfants à être éduqués par leurs parents en dehors du système scolaire. Un nombre transmis par le mistère de l'éducation nationale, et qui comprend les enfants inscrits au CNED, qui font donc leurs apprentissages à distance et ne sont pas traditionnellement inclus dans les dispositifs de l'instruction en famille

Pour le gouvernement, l'instruction en famille est parfois un prétexte pour embrigader des enfants dans des sectes ou des écoles clandestines. Une réalité difficile à cerner dans la mesure où le ministre de l'Education nationale n'avance ni chiffres, ni données, seulement des "évaluations sur le terrain". 

Pour mettre fin à ces phénomènes, le projet de loi entend donc abolir tout choix alternatif à l'école de la République.

Un revirement total de la part du ministre qui, en juin 2020 avait ainsi répondu au sénateur Jean-Marie Bockel qui lui demandait s'il fallait aller jusqu'à interdire ou conditionner davantage l'enseignement à domicile

"La liberté d'instruction à domicile a un fondement constitutionnel puissant, qui doit cependant s'équilibrer avec d'autres principes […]. Je pense qu'il faut appliquer les règles que nous avons établies dans la loi de 2019. La mise en œuvre débute ; nous sommes en phase ascendante, mais l'objectif de 100% de contrôles réalisés n'est pas atteint . Il y a donc encore des progrès concrets à faire. Cependant, sur le plan juridique, je crois que nous sommes parvenus à un bon équilibre." 

La député LR du Maine-et-Loire, Anne-Laure Blin, membre de la commission spéciale chargée de discuter ce projet de loi ne cache pas sa perplexité face à ce discours dogmatique.

" C'est paradoxal, on discute sur la base d'un texte qui porte sur les valeurs de la République et qui en fait va restreindre les libertés. "

"Là où à mon sens cela pose problème c'est qu'on refuse de faire confiance aux familles. Elles sont d'emblée suspectes. L'Etat veut lutter contre les écoles clandestines et l'islam radical, ce à quoi je souscris, mais il se trompe de cible. Il faudrait plutôt qu'il se dote de moyens pour aller chercher les enfants qui sont hors système scolaire et qui sont en danger."

La position de Jean-Michel Blanquer est sans ambiguïté : la liberté d'enseigner sera demain assujetie à un système de restrictions et de dérogations. "Nous avions un régime déclaratoire et nous passons à un régime d'autorisation préalable".

Plusieurs circonstances particulières, qu'elles devront justifier, permettront aux familles d'opter pour une instruction à domicile. Si leurs enfants sont de grands sportifs ou pratiquent intensément un art. Les familles de voyageurs, celles encore dont l'enfant souffre d'un handicap, ou qui vivent trop loin d'un établissement scolaire. 

Mais aucun aménagement n'est prévu pour les familles lambda.

Celles qui, par philosophie, par envie, parce qu'elles estiment que l'école n'est pas forcément bonne pour leurs enfants ont choisi de les éduquer à domicile.

Les familles, vent debout contre le projet de loi

Face à ce qu'elles considèrent commme une attaque en règle de leurs choix de vie, les familles de la région qui animent les réseaux de l'instruction à domicile et des écoles hors contrat se mobilisent. Après avoir manifesté à Nantes, et lancé une pétition, elles démontent chiffres à l'appui les arguments du ministre, en établissant une photographie de la réalité de l'instruction en famille.

 

Pour beaucoup, l'interdiction de faire l'école à la maison s'annonce comme un drame. Beaucoup de parents, de mères notamment, ont renoncé à leurs carrières, à leurs envies pour éduquer leurs enfants. L'équilibre et l'harmonie de nombreuses familles s'organisent autour de ce mode d'éducation.

Au-delà, on peut se poser une autre question. Est-ce à l'Etat de diriger l'éducation des enfants ?

À travers ce sujet, qui peut paraître anecdoctique car ne concernant qu'une minorité de citoyens, et qui passe largement en dessous des radars médiatiques, l'Etat semble vouloir renforcer son omniprésence et son rôle de surveillance jusque chez les plus jeunes.

"Pour l'instant nous ne sommes qu'au tout début de l'examen législatif", précise encore Anne-Laure Blin, qui espère que les débats permettront d'assouplir les dispositions du gouvernement.

Les 70 parlementaires réunis dans la commission spéciale présidée par François de Rugy discuteront de "l'esprit du texte" au mois de janvier. 

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