Reconfinement : les jeunes font du gras devant les écrans, ça inquiète leurs parents et les scientifiques

La dernière étude de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s'intéresse à l'activité physique des 11-17 ans...et ses résultats ont de quoi inquiéter. Les sénateurs appellent le gouvernement à assouplir le confinement et réhabiliter le sport en club.

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On nous le dit et nous le répète depuis des lustres : pour être en bonne santé, il est essentiel de pratiquer des activités physiques, sport, marche, jeux, et de limiter les temps de sédentarité devant les écrans.
La théorie ça a du bon quand on peut la mettre en pratique !
Ce qui est quasi-impossible en période de confinement, quand l'horizon est limité au sacro-saint boulot/conso/dodo et aux sorties à moins d'1km de chez soi.

On ne sera donc pas très étonné par les données que l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail) vient de publier. Les analyses portent sur  une évaluation des risques sanitaires associés à la sédentarité et à l’inactivité physique des enfants et adolescents. Cette expertise montre que " les deux tiers des 11-17 ans se situent à un niveau de risque élevé, ce qui peut se traduire par du surpoids, de l’obésité, des troubles du comportement alimentaire ou encore une qualité du sommeil et de vie altérée.

Or, les habitudes prises à l’adolescence tendent à s’installer, avec un impact sur la santé et la qualité de vie à l’âge adulte".

Anses-Novembre 2020

L’Anses alerte donc aujourd’hui les pouvoirs publics pour promouvoir le sport, car force est de constater que les cours d'éducation physique dispensés au collège ou au lycée ne suffisent pas.

"L’adolescence est une période charnière au cours de laquelle les habitudes acquises ont tendance à se pérenniser voire à s’accentuer à l’âge adulte avec des effets associés sur la santé, précise l'étude, or, le contexte actuel est particulièrement propice à l’augmentation des temps de sédentarité et tout particulièrement du "temps écran", avec le développement d’une offre numérique abondante et de nouvelles technologies incitant encore davantage à la sédentarité. Les effets du confinement accentuent par ailleurs la tendance à l’inactivité physique et la sédentarité".

Déjà en 2016, l'Anses avait déterminé les seuils sanitaires spécifiques aux 6-17 ans associés à deux facteurs de risques, la sédentarité et l'inactivité physique. Les scientifiques constataient que le temps passé assis ou allongé devant un écran de loisir (télévision, ordinateur, jeu vidéo…), qui dépassait 2 heures par jour, pouvait constituer un risque pour la santé

La moitié des ados passent plus de 4h par jour sur les écrans, et moins de 20 minutes à transpirer !

Il se trouve que, désormais, les deux tiers des 11-17 ans atteignent des seuils critiques.
  • 66 % présentent un risque sanitaire préoccupant, caractérisé par le dépassement simultané des deux seuils sanitaires : plus de 2 heures de temps écran et moins de 60 minutes d’activité physique par jour
 
  • 49 % présentent un risque sanitaire très élevé, caractérisé par des seuils plus sévères, soit plus de 4h30 de temps écran journalier et/ou moins de 20 minutes d’activité physique par jour. Parmi ceux-là, 17 % sont même particulièrement exposés, cumulant des niveaux très élevés de sédentarité (plus de 4h30 d’écran par jour) et d’inactivité physique (moins de 20 minutes par jour)
     

La population la plus vulnérable au risque : les filles des milieux défavorisés 

On constate que le niveau de sédentarité est plus élevé encore chez les adolescents les plus âgées (15-17 ans) et chez les jeunes issus des milieux les moins favorisés.
Par ailleurs, pour les 11-14 ans, les filles sont moins nombreuses (15,5%) que les garçons (24%) à pratiquer au moins 60 minutes d’activité physique par jour.

Les résultats de cette expertise interpellent fortement l’Anses qui souligne :

"il est extrêmement rare qu’une évaluation des risques montre que les deux tiers de la population étudiée présentent un dépassement des seuils sanitaires, traduisant ainsi une exposition à un niveau de risque élevé pour la santé".

Anses-Novembre 2020

Ce qui les guette, ces jeunes accros aux écrans plus qu'à la marche à pied, c'est le surpoids et l’obésité, mais aussi des troubles du comportement alimentaire ainsi qu’une qualité du sommeil et de vie altérée.
L’Agence alerte aujourd’hui les pouvoirs publics pour des mesures renforcées à ce sujet dans le cadre du Plan national nutrition santé (PNNS), et insiste sur la nécessité de promouvoir des actions, pour lutter contre la sédentarité chez les jeunes, et pour développer leur activité physique. 
 

68 sénateurs réclament la reprise "rapide" des activités sportives en extérieur

C'est sans connaître les résultats de cette étude que des sénateurs ont écrit à Jean Castex.

lettre des sénateurs demandant la reprise des activités sportives sans risque de contamination

Parmi eux, Annick Billon, sénatrice de Vendée.
Dans cette missive, ils réclament "la levée de la limitation de déplacement à un kilomètre de son domicile dans le cadre de la pratique d’une activité physique, et la reprise des sports de plein air".

Les signataires de la lettre mettent en avant le peu de risques de contamination liés à la pratique des activités sportives en extérieur, et le bienfait de ces activités sur la santé physique.

"Sur le plan sanitaire, les études récentes démontrent que le risque de contamination à la Covid-19 en plein air et dans le respect des gestes barrière est quasi-inexistant", écrivent les sénateurs, rappelant les avertissements de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : "La sédentarité renforce toutes les causes de mortalité, double le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’obésité et augmente les risques de cancer du côlon, d’hypertension artérielle, d’ostéoporose, de troubles lipidiques, de dépression et d’anxiété".

"J'ai co-signé cette lettre parce qu'au delà du risque sanitaire qui a été rappelé par Jérôme Salomon (
directeur général de la Santé), il me semble important que les activités en club reprennent, indique Annick Billon. Les clubs sportifs sont à l'arrêt, ils voient fondre les inscriptions, leurs recettes et la démotivation des bénévoles guette. Il faut les soutenir comme on a soutenu la culture.

"Je rappelle que le plan de relance pour la culture a été de 2 milliards, et seulement de 120 millions pour le sport. Cela ne va pas"

Annick Billon, sénatrice de Vendée

L'étude de l'Anses vient conforter la démarche des sénateurs qui espèrent que la reprise des activités physiques, au moins de plein-air, fera partie des assouplissements attendus après un mois de reconfinement, et qui doivent être annoncés ce mardi, par Emmanuel Macron.
 
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