Il s'était fait connaître pour une escroquerie dans la Sarthe, où, se faisant passer pour un ingénieur des travaux publics, il avait réussi à faire construire un tronçon d'autoroute entre Alençon et Le Mans. Il avait également sévi après la tempête Xynthia.
Annoncé par la radio mancelle Sweet FM, le décès de Philippe Berre, 67 ans, a été confirmé ce mercredi 30 juin par l'un de ses anciens avocats, Maître Vincent Vanraët.
Philippe Berre avait multiplié les petites escroqueries du côté de Mâcon avant de voir plus grand et de se faire passer pour un ingénieur en travaux publics dans la Sarthe.
En 1997, Philippe Berre, il se fait alors appeler Roger Martin, réussit à embaucher plusieurs dizaines de personnes à Saint-Marceau, entre Alençon (Orne) et Le Mans. Pendant plusieurs semaines, il avait établi un chantier avec tous les engins nécessaires pour construire un tronçon d'autoroute.
Un film inspiré de cette histoire
Finalement rattrapé par des affaires précédentes, l'homme fut arrêté et jugé. Il écopera de cinq ans de prison. Une condamnation de plus sur un casier déjà bien fourni.
Le tronçon d'autoroute, quoiqu'ayant été reconnu tout à fait conforme aux règles de l'art, ne sera pas mis en service mais détruit, pour être refait légalement. L'Etat ne pouvait en effet profiter de ce qui avait été réalisé sur la base d'une escroquerie.
► voir le reportage réalisé en 1997 par France 3 Maine
L'affaire avait inspiré le film de Xavier Giannoli "A l'origine" avec François Cluzet et Emmanuelle Devos.
Toujours à la recherche d'une forme de gloire, Philippe Berre ne s'est pas arrêté là. En mars 2010, il se fait passer pour un fonctionnaire de l'Etat et, pendant quatre jours, il sillonne les routes de Charron, en Charente Maritime, où la tempête Xynthia vient de s'abattre.
Entre Charron et le sud-Vendée, l'homme va parcourir la zone dans un véhicule siglé de l'ONF (Office Nationale des Forêts), emmenant à son bord des élus locaux.
Vincent Vanraët se souvient bien du personnage, "quelqu'un de particulier de par son histoire et son comportement" reconnaît-il. Il était son avocat lorsque la Justice l'a à nouveau rattrapé.
"Le procureur était sur les dents, se souvient-il, Philippe Berre avait réussi à faire bouger des prestataires alors que normalement ça aurait dû être l'Etat. Il a promené pendant cinq à six jours des élus sur les digues de Charron, il leur a montré où étaient les problèmes. Aujourd'hui, une partie des nouvelles digues sont issues des idées de M. Berre."
Philippe Berre avait même transporté des gendarmes à son bord, tirant une certaine gloire de cette fonction usurpée.
Seule la gloire l'intéressait
"Une expertise avait été sollicitée par le procureur de la République, raconte Maître Vanraët, qui avait établi qu'une déficience mentale le poussait à faire ça."
Mais son avocat est convaincu que seule la gloire l'intéressait. Il lui fallait être sous les projecteurs. Philippe Berre vivait de l'argent qu'il récupérait de ci, de là, mais ne s'enrichissait pas vraiment. "C'était un enrichissement du quotidien" dit Maître Vanraët.
Son défenseur tient à rappeler que sur dix-huit infractions évoquées lors de ce procès, seules trois avaient été retenues par le tribunal. L'homme avait fait deux ans de prison suite à cette énième procédure.
Philippe Berre, nous a confirmé Maître Vanraët, est décédé dans l'EHPAD où il résidait près de Tulle, en Corrèze.