Ils ou elles souhaitaient passer la main le 15 mars dernier et donner les clés de leur mairie à leur successeur. Pas de chance, la pandémie de coronavirus est passée par là et le résultat de ces municipales est désormais suspendu. Ces maires démissionnaires doivent remettre l'écharpe tricolore.
Plus de 30 000 communes en France ont élu leur maire le 15 mars dernier lors du premier tour des élections municipales. Mais aucun conseil municipal n'a pu se tenir depuis lors pour élire maire et adjoints afin d'éviter la propagation du coronavirus.
Lors de son passage télévisé, le Premier ministre Édouard Philippe a même fixé à la mi-mai, au moins, la tenue de ces réunions. Par contrecoup, tous les mandats précédents ont été prolongés jusqu'à ce qu'une date d'installation soit déterminée par le gouvernement.
Une décision bien accueillie par le monde politique, à l'image du patron des sénateurs LR, le vendéen Bruno Retailleau, qui a confié à l'AFP : " Dès lors que le conseil scientifique le déconseillait, le report s’imposait."
Alors que la polémique enfle pour savoir s'il fallait bien maintenir ce premier tour des élections dans le contexte sanitaire, ceux qui font les frais de ce scrutin raté, ce sont les maires sortants. Et tout spécialement ceux qui, par lassitude ou par dépit, par usure ou par envie de retourner à la vie civile, ont fait le choix de ne pas se représenter. C'est le cas de ces deux maires sarthois où l'amertume cotoie le sens du devoir...
GUY-MICHEL CHAUVEAU maire de La Flèche depuis 1989
La succession était bien organisée, la dauphine choisie et désignée : les électeurs ont même plébiscité Nadine Grelet-Certenais, la sénatrice PS, conseillère municipale sortante, en la gratifiant de près de 70% des suffrages. Tout semblait aller pour le mieux pour le futur ex-édile, jusqu'à l'annonce du Premier ministre...
Pour l'ancien député de la 3ème circonscritption de la Sarthe, l'annonce du maintien du premier tour n'a pas été une surprise : " J'aurais juste aimé que la décision soit prise une journée plus tôt, mais je pense que ça a dû être difficile de prendre ce genre de décision."J'ai presque oublié que j'aurais dû m'arrêter il y a huit jours - Guy-Michel Chauveau, maire de La Flèche
Depuis, c'est en binôme avec son successeur Nadine Grelet-Certenais, que l'élu fléchois gère cet événement sans précédent. "On a une cellule de crise qui fonctionne bien pour l'instant", explique l'édile. "On a de la chance sur la commune d'avoir une maison de santé avec une douzaine de médecins qui se sont organisés pour les consultations avec les trois libéraux du centre-ville. On a même prévu un barnum d'accueil au cas où..."
Pour l'instant, Guy-Michel Chauveau ne réfléchit pas à l'après. "On pense à la fin de la crise, pas à la fin de la gouvernance. Tout ce que je vois pour l'insatnt, c'est que je n'ai pas le temps d'être retraité !"
BÉATRICE PAVY-MORANÇAIS maire de Montval-sur-Loir depuis 2014
Six mois difficiles" à la tête de la mairie et la dissidence de deux anciens adjoints auront eu raison de sa motivation. Après 37 ans de vie politique locale et nationale, l'ancienne députée LR a décidé de laisser la place et de se concentrer sur de nouveaux projets : "Qu'ils fassent mieux, s'ils le peuvent..."
Et puis, la crise sanitaire s'invite dans ces élections municipales :
Pendant cette semaine particulière de ce qui aurait dû être l'entre-deux tours, l'élue entend "tout et son contraire" de la part des autorités. Elle décide alors de remettre l'écharpe pour affronter l'orage : "Le devoir et les responsabilités sont plus forts que tout."Je pensais que le premier tour serait annulé et puis non. Je me suis dit : chouette, à la fin de la semaine, c'est fini pour moi. Et puis, l'installation du conseil est reportée - Béatrice Pavy-Morançais
Maintenant, et en attendant de connaître son sort d'ex-élue, Béatrice Pavy-Morançais s'adapte à cette situation inédite. Présente tous les jours en mairie, elle se bat pour maintenir son marché du mercredi contre l'avis du préfet et cherche à aider les plus démunis sur sa commune.
La toujours maire a activé la réserve communale, un réservoir de bénévoles formés, pour faire du porte-à-porte et recenser les besoins des uns et des autres et tente de réactiver l'antenne des Restos du Cœur, fermée par manque de jeunes bénévoles.
Plus de 5 000 communes en France n'ont pas, non plus, de futurs maires attitrés, le premier tour n'ayant pas départagé les candidats. Le gouvernement devrait confirmer la date du second tour des municipales aux environs du 10 mai prochain.