Plus de sorties, ni de visites, l'Établissement public de santé mentale (EPSM) d'Allonnes est bouclé après la détection de quatre clusters distincts au sein des unités de soins. Le renforcement des dispositifs sanitaires va durer au moins un mois.
Treize patients contaminés, une vingtaine de soignants positifs à la Covid-19, c'est pour l'instant le bilan après la découverte de quatre foyers infectieux au sein de l'EPSM.
Tous ces malades ont été placés à l'isolement, pour l'instant, et une campagne de tests vient d'être lancée pour déterminer si d'autres personnes auraient pu être contaminées.
Si les soins en ambulatoire sont pour l'instant maintenus, aucune visite aux patients n'est autorisée. Ces derniers ne peuvent pas non plus sortir de l'établissement pour l'instant.
La décision de confiner l’ensemble de l’établissement s’est imposée ce mardi, à l’issue d’une cellule de crise organisée à la mi-journée. Cela implique que toutes les visites extérieures sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. Les sorties de patients ne sont autorisées qu’en cas d’urgence médicale.
Ici travaillent environ 50 médecins et plus de 1 000 soignants et paramédicaux, mais leur nombre est insuffisant, selon le syndicat CGT, pour travailler sereinement.
La direction de l'EPSM, elle-même, estime qu'il manque une trentaine de postes qu'elle n'arrive pas à combler. Et la situation continue de se dégrader car la crise sanitaire a augmenté fortement l'activité de l'hôpital psychiatrique.
Il faut dire que le travail en établissement de santé mentale n'a pas été récompensé par le récent Ségur de la santé, les infirmières et aides-soignantes du secteur n'ont pas droit aux 183 euros d'augmentation actés par le ministère.
Pas de quoi déclencher de soudaines vocations... Certains personnels vont même jusqu'à demander leur mutation dans le secteur "classique", plus attractif, voire négocient une rupture conventionnelle pour changer d'orientation professionnelle.
De leur côté, les soignants s'inquiètent. Dans un communiqué, la CGT de l'établissement déplore ces nouvelles mesures de sécurité sanitaire : " La difficulté dans un hôpital comme le nôtre est de gérer les interactions avec les patients. Car nous ne pouvons pas rompre tout contact avec eux, selon leur état mental. Certains patients longue durée n’ont pas conscience du problème et des mesures sanitaires à respecter. Et sans maintien du lien, leur état peut se détériorer. "
Selon Frédéric David, secrétaire général de la CGT à l'hôpital psychiatrique et infirmier au sein de l'EPSM d'Allonnes : " Malgré l'optimisme affiché de la direction, je ne vois pas comment on pourra maintenir l'intégralité de notre offre de soins. "
En clair, plusieurs structures appartenant à l'EPSM dans le département pourraient réduire la voilure sur leurs activités pour permettre de détacher certains soignants sur Allonnes.
Ce sont essentiellement les activités de suivi qui risquent d'être impactées, mais attention à l'effet boomerang précise le syndicaliste : " Les personnes qui n'auraient pas pu être suivi correctement pourraient venir encombrer les urgences psychiatriques par la suite. "
Sur ce point précis, le directeur Gérard Vieilhomme prévient que " c'est un chemin de crête sur lequel il faut se tenir ", entre maintien des soins et renfort des services, durant au moins un mois, le temps de la crise.
En fin de journée, ce mercredi, le retour de la campagne de tests ciblés fait état de trois nouvelles contaminations au sein de l'hôpital : deux patients et une soignante.
La direction précise " qu'aucune forme grave n'a été constaté sur l'ensemble des contaminés. Trois patients sont cependant en observation au centre hospitalier du Mans, leurs cas ne suscitent aucune inquiètude. "
Le confinement de l'établissement, qui compte plus de 200 lits d'hospitalisation, va se poursuivre durant tout le mois d'avril. La direction de l'EPSM a prévu de faire un point d'étape sur la situation sanitaire d'ici la fin de semaine.
L'Établissement public de santé mentale d'Allonnes en 2020
• 20 000 patients pris en charge
• 130 689 consultations assurées par des médecins, psychologues ou infirmiers
• 3 332 entrées enregistrées pour 84 650 journées d’hospitalisation
• 16 546 interventions réalisées dans les hôpitaux généraux, les maisons de retraite et foyers logements du département
• 7 948 visites à domicile.