Au Mans, comme dans beaucoup de grandes villes, les cimetières se remplissent. La montée en puissance de la crémation permet de limiter les besoins, mais il faut tout de même, chaque année, faire une campagne de "relevage" pour identifier les concessions arrivées à terme et récupérer quelques emplacements.
Daniel est venu ce mercredi matin entretenir la sépulture de ses parents, dans le grand Cimetière de l'Ouest, au Mans. Il passe soigneusement un coup de serpillère sur la pierre. Entretenir les sépultures est primordial pour lui.
"C'est important, déclare-t-il, c'est une preuve de respect pour les gens qui sont décédés et enterrés ici."
S'il comprend que la ville cherche à récupérer des emplacements, il trouve tout de même l'idée un peu "brutale".
"Il y a des familles qui ne sont pas là, dit-il, qui sont peut-être à l'étranger et qui, un jour, reviennent et voient qu'il n'y a plus rien à la place de leurs défunts. Je pense que c'est un peu brutal. C'est vrai qu'une tombe qui n'est pas visitée pendant deux ans, on peut penser qu'elle est à l'abandon" reconnait-il.
Le cimetière Sainte-Croix saturé
"Nous sommes dans l'obligation de procéder à des campagnes de relevage sinon en 2027, 2030, nous aurions des difficultés pour inhumer nos concitoyens, explique Lydia Hamonou-Boiroux, adjointe au maire du Mans, déléguée au service population et à la gestion des cimetières.
C'est le cas déjà, au cimetière Sainte-Croix, rue de l'éventail, près du jardin des plantes. Ce petit cimetière de 1 589 places est presque saturé, il y reste moins d'une dizaine d'emplacements.
"Si vous faites le tour des cimetières, précise Lydia Hamonou-Boiroux, vous pourrez voir que, sur certaines tombes, vous avez des petits panonceaux qui sont à l'angle droit de la tombe, disant que cette concession arrive à échéance. La famille a deux ans pour se manifester."
Les restes placés dans des reliquaires
Pour les sépultures qui arrivent en fin de concession, la famille peut renouveler celle-ci auprès de la ville. Si elle ne le souhaite pas ou ne répond pas aux sollicitations de la ville (quand celle-ci a une adresse où contacter les proches du défunt), la commune est en droit de procéder au "relevé" des restes du défunt, pour récupérer l'emplacement, après avoir placé un panonceau pendant deux ans sur la sépulture.
► Voir le reportage de Marc Yvard, Norbert Evangelista et Valérie Brut.
Les restes du défunt, avec les éventuels objets placés dans la sépulture, sont alors déposés dans une boite qui, elle-même, sera rangée dans l'ossuaire du cimetière, un équipement obligatoire dans chaque commune depuis une loi de 2008. Ce reliquaire reste identifié, mais les familles ne peuvent pas le récupérer. L'ossuaire est considéré comme une concession "à perpétuité". Le maire ne peut donc, théoriquement, décider de procéder à l'incinération de ces restes.
550 emplacements à récupérer
Ces opérations de "relevage" qui permettent aux communes de faire le point sur les emplacements abandonnés et donc récupérables, ont lieu régulièrement. Mais au Mans, on a décidé d'intensifier les choses pour identifier les sépultures en fin de concession, car la saturation guette.
La ville espère ainsi récupérer 550 emplacements sur les six cimetières manceaux.
Même si le nombre de crémations augmente au Mans, qui rejoint ainsi la moyenne nationale de 41 %, le besoin de sépultures traditionnelles reste important.