Policier tué lors d'un contrôle au Mans : le conducteur ivre condamné à 12 ans de prison

La cour d'assises de la Sarthe a condamné à 12 ans de réclusion un conducteur qui avait tué un policier venu lui porter secours alors qu'il s'était endormi, ivre, à un feu rouge en août 2020 au Mans. Il était accusé de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

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Jugé depuis lundi 25 septembre 2023 par les Assises de la Sarthe pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur une personne dépositaire de l'autorité publique", Charlie Fajole, 29 ans, risquait une peine maximale de 20 ans de réclusion.

"Je ne cherche pas le pardon mais je présente mes excuses à sa famille et ses collègues", avait déclaré l'accusé avant que le jury ne se retire.

L'avocate générale avait requis à son encontre 15 ans de réclusion.

Comme elle, la cour d'assises a considéré que ces violences étaient bel et bien volontaires - non pas le résultat d'un simple accident - et qu'il avait "conscience de faire l'objet d'un contrôle de police".

La nuit du drame

En août 2020 alors que Charlie Fajole s'était endormi, ivre, à un feu rouge boulevard Heuzé au Mans un policier était venu lui porter secours.

Malgré des cales posées cette nuit-là sous ses roues par les pompiers qui ne parvenaient pas à le réveiller, l'accusé avait brutalement accéléré après un bref échange avec les secours, emportant avec lui le policier, entré partiellement dans l'habitacle pour couper le contact.

 Après plus de 200 mètres d'embardées, avec une pointe à plus de 70 km/h, la voiture avait violemment heurté un muret, projetant le brigadier Eric Monroy, 43 ans, qui était mort sur place.

Un acte délibéré pour le Ministère public

"C'est délibérément que Charlie Fajole remet le contact" puis "accélère au maximum des capacités de son véhicule", a souligné l'avocate générale, Florence Leroux-Ghristi.

Pire, il a fait ce choix "parce qu'Eric Monroy était policier", affirme la magistrate, rappelant la condamnation passée de Charlie Fajole pour outrage et rébellion en 2018, ainsi qu'une autre pour conduite en état d'ivresse et refus d'obtempérer en 2015.

Entre-temps, il a été condamné en 2022 pour trafic de stupéfiants, qu'il disait consommer "pour éviter de faire des cauchemars".

L'instinct de fuite selon la défense

Pour la défense, Maître Jean de Bary a quant à lui continué à plaider, comme il l'a fait tout au long de la procédure, que son client a eu "une réaction instinctive de fuite" à son réveil.

Il s'agit donc à ses yeux d'un "homicide involontaire",un délit, moins sévèrement sanctionné.

"Ce n'est clairement pas un ange mais ce n'est pas un monstre non plus. L'experte psychologue explique qu'à ce moment-là, il a peur et n'est pas conscient de ses choix", dit-il, citant des troubles de l'attention et du sommeil.

Lorsque les pompiers et les secours parviennent à réveiller Charlie Fajole, "il est dans la confusion, il est ailleurs (...) il ne sait pas ce qu'il se passe",assure l'avocat.

La douleur des parties civiles

Dans la matinée, les avocats des nombreuses parties civiles avaient tous réfuté l’idée que ce dossier soit un simple accident routier au caractère fortuit.

 "Fajole nous l'a dit lui-même: "je pensais qu'en accélérant il allait lâcher ", a relevé Maître Laurent-Franck Liénard, qui représente la veuve, les trois filles et les nièces du policier.

Maître Jonathan Proust, au nom des deux collègues d'Eric Monroy présents dans la patrouille de police-secours le soir du drame, a voulu "porter la douleur incommensurable de la police nationale", la "deuxième famille" du brigadier.

 "Il y a peu de boulots où, quand on dit au revoir le matin à son épouse et ses enfants, on a cette incertitude de pouvoir rentrer le soir", a-t-il relevé.

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