Trois ans de prison ferme pour un éboueur qui prostituait des Chinoises sans papiers

Un quinquagénaire a été jugé ce mercredi en comparution immédiate pour proxénétisme aggravé. Éboueur à Paris, il détenait deux salons de massage, dont un au Mans, et un appartement où des employées d'origine chinoise en situation irrégulière se prostituaient.

Un réseau de prostitution opéré, depuis Paris, au Mans, à Limoges, ou encore à Saint-Malo. Ce sont pour ces faits qu'un homme âgé de 58 ans a été jugé tribunal correctionnel du Mans (Sarthe) ce mercredi.

Exerçant le métier d'éboueur à Paris, il gérait deux salons de massage — au Mans et à Limoges — et un appartement à Saint-Malo, où des Chinoises en situation irrégulière se livraient à la prostitution.

L'homme était jugé pour aide au séjour irrégulier, emploi d'étrangers sans titre de travail, travail illégal et proxénétisme aggravé. Des faits commis entre mars 2020 et mai 2023.

L'audience en comparution immédiate s'est soldée par une peine de 3 ans de prison ferme assortis d'un an de sursis, de la fermeture des comptes bancaires, d'une interdiction de quitter le territoire pendant 5 ans et de l'interdiction de diriger une entreprise durant 10 ans. La condamnation est conforme aux réquisitions de la procureure de la République.

Une double vie

La police judiciaire de Rennes a trouvé la piste de ce réseau de prostitution en juillet 2022 et a interpellé le prévenu en mai 2023. Lors de leurs investigations, ils ont découvert les deux salons de massage à la clientèle exclusivement masculine. Les "finitions" (masturbation avec éjaculation) y étaient payées en espèce et rémunérées entre 20 et 60 €.

Sans antécédent judiciaire, le prévenu menait néanmoins une double vie avec sa maîtresse d'origine chinoise et sans papiers. Un adultère avoué devant sa femme et ses enfants du prévenu, présents dans le public. 

"J'ai juste voulu aider", s'est défendu le prévenu, penaud, les mains serrées et les cheveux gras attachés en queue de cheval, sa tête surmontée de lunettes baissée vers le sol.

Le quinquagénaire a affirmé avoir lui-même été victime d'un réseau de prostitution orchestré par sa maîtresse, soutenant qu'il n'avait pas accès aux comptes des salons. Une version plaidée par son avocate."Il est gentil. Moi, ce que je vois dans le dossier, c'est qu'il a été la personne qu'il fallait dans le cadre de ce réseau. [Sa maîtresse] est celle qui recrute et qui parle chinois", a-t-elle dit lors de son plaidoyer.

"Si monsieur savait et voyait son rôle, et qu'il avait voulu le dissimuler, rien ne porterait son nom. Madame W. lui disait de faire et il le faisait. Il donnait tout : nom, prénom et numéro de téléphone. Monsieur n'est pas à la tête d'un réseau, on l'a utilisé pour le faire", a ajouté l'avocate de la défense.

"Vous n'êtes pas victime"

Reprenant la parole, le prévenu a déclaré être "tombé dans l'addiction au sexe avec les femmes chinoises par hasard". Il fréquentait lui-même des salons et savait que les "finitions existaient, mais je ne pensais pas que c'était considéré comme de la prostitution".

Quant aux femmes chinoises : "Je les ai rencontrées à Paris, c'étaient des amies. C'était plus fort que moi. Je faisais ça pour les aider à avoir des papiers". 

"Non, monsieur, vous n'êtes pas victime. Vous n'êtes pas tombé dedans par hasard. C'est votre conception de l'amitié, pas celle du tribunal. Elles ne parlaient pas français ces femmes sans papiers, elles ont vécu des choses terribles. Ce n'est pas de l'amitié ça", lui a répliqué le président du jury.

L'appartement de Saint-Malo, propriété de la mère du prévenu, était loué à des Chinoises sans papiers pour 1200 € par mois. Le président n'ose pas détailler les faits qui s'y sont déroulés : "J'ai dû arrêter de lire, les commentaires des clients sont rudes. Cette femme a vraiment été maltraitée dans cet appartement. Ils s'en sont donnés à cœur joie, et c'est votre faute, monsieur."

L'homme devrait être jugé à Montpellier prochainement pour des faits similaires. 

Avec Maïna Sicard-Cras

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