Selon le Canard enchaîné, l'épouse de François Fillon aurait gagné 500 000 euros en tant que collaboratrice de son mari, alors qu'elle revendiquait ne pas s'impliquer dans la politique. Emploi fictif ou pas ? Sur Twitter, l'affaire amuse autant qu'elle indigne.
Candidat incontesté de la droite pour la présidentielle depuis sa victoire à la primaire, François Fillon entretenait l'image d'un homme politique intègre et rigoureux. Mais cette image est écornée par une révélation du Canard enchaîné, sorti mercredi 25 janvier.
Selon l'hebdomadaire, l'ancien Premier ministre aurait fait travailler sa femme, Pénélope Fillon, comme attachée parlementaire, feuilles de paie à l'appui. Embaucher ses proches n'est pas interdit pour un homme politique, tant que la personne occupe effectivement son poste.
Emploi fictif ou réel ?
Or, jusqu'ici, l'épouse de François Fillon revendiquait justement ne pas intervenir dans les affaires politiques de son mari. Intérrogés par le Canard enchaîné, des anciens collaborateurs de l'ex-président de région des Pays de la Loire expliquent n'avoir jamais travaillé avec Pénélope Fillon. C'est le cas de Jeanne Robinson-Behre, ancienne attachée parlementaire et aujourd'hui adjointe au maire d'Angers.
Jeanne Robinson-Behre « collègue » de Pénélope Fillon admet ne jamais avoir travaillé avec elle #PenelopeGate #LeVraiFillon pic.twitter.com/yXy6v7t10Q
— Alex G (@Ezra_49) 25 janvier 2017
Celle-ci aurait travaillé avec François Fillon lorsqu'il était député de la Sarthe de 1998 à 2002, puis avec son suppléant, Marc Joulaud, lorsqu'il rentre au gouvernement Raffarin. En 2012, elle aurait aussi été rémunérée par son mari pendant au moins 6 mois, alors qu'il retrouve un mandat local en tant que député de Paris. En tout, près de 500 000 euros lui ont été versés en huit ans, pour une activité dont l'existence reste à confirmer.
La révélation du Canard enchaîné ne manque pas de faire réagir sur Twitter. De nombreux internautes déterrent les déclarations de campagne de François Fillon - très présent sur le réseau social - pour dénoncer le double langage de l'homme politique. C'est le cas du journaliste d'LCI Cédric Ingrand.
L'infinie cruauté de Twitter, c'est sa mémoire, tous les politiques vous le diront. pic.twitter.com/JKR6AJC8I6
— Cedric Ingrand (@cedric) 25 janvier 2017
Certains internautes rappellent aussi que l'ancien résident de Matignon a fait de l'intégrité un argument de campagne lors de la primaire de la droite et du centre. Lors du grand rassemblement à Sablé-sur-Sarthe le 28 août 2016, François Fillon avait envoyé plusieurs piques à Nicolas Sarkozy, empêtré dans plusieurs affaires.
Cet homme est un modèle, il est exemplaire!#PenelopeFillon #PenelopeGate pic.twitter.com/2QBFqTmnc5
— DaBens (@Dabens_) 25 janvier 2017
« Ils sont tous pareils, même Fillon, » est la grande tendance qui ressort chez les twittos. On connaissait les casseroles de Nicolas Sarkozy mais son Premier ministre en traînerait aussi derrière lui. @Kwesmat file la métaphore en retrouvant une photo adéquate de Pénélope Fillon.
Quand tu choisis une belle casserole pour ton mari.#PenelopeFillon pic.twitter.com/M5SCcWwmqf
— KwesMat (@kwesmat) 24 janvier 2017
Quand t'a gagné ta campagne sur les casseroles des autres, assure toi que les tiennes soient bien lustrées... #PenelopeFillon https://t.co/24qcEgJgYg
— Laura (@IndaLo_69) 25 janvier 2017
À présent, Pénélope Fillon possède même son compte parodique sur Twitter. Celui-ci rassemble des photos et déclarations détournées que l'épouse de l'ex-Premier ministre n'a bien sûr pas prononcées.
"Un grand merci à mes amis les français de m'avoir offert un beau cheval pour m'enfuir" #penelopegate #PenelopeFillon #Penelope #fillon pic.twitter.com/rMUvUYCsrC
— Pénélope Fillon (@Penelopefilon) 25 janvier 2017
D'autres ironisent sur l'actualité et la primaire de gauche. L'un des grands débats de ce scrutin, dont le second tour se tient dimanche, est le revenu universel défendu par Benoît Hamon. Finalement, François Fillon l'a déjà appliqué pour son épouse, observe @Chroma_inside.
#PenelopeGate Plus fort que Hamon, #Fillon expérimente le Revenu Universel à 5000 € sur son épouse
— Chroma (@Chroma_Inside) 24 janvier 2017
En déplacement à Bordeaux, François Fillon a brièvement réagi aux révélations du Canard enchaîné. « Parce qu'elle est mon épouse, elle n'aurait pas le droit de travailler ? » demande-t-il. Une défense reprise par Bruno Retailleau, président du conseil régional des Pays de la Loire, invité de LCI le matin du 25 janvier.
Parce que c'est une femme, il faudrait cantonner #PenelopeFillon à la confection de confitures ou de tartes aux pommes ? pic.twitter.com/cOQMkRWOhR
— Bruno Retailleau ن (@BrunoRetailleau) 25 janvier 2017
La ligne de défense des fillonistes gêne certains journalistes politiques. Elle est même hors-sujet. Faire travailler sa femme « n'est pas le problème », rapelle sur Twitter Nicolas Chapuis, journaliste au service politique du journal le Monde.
En clair: il a le droit d'embaucher sa femme (on peut le regretter ms c'est pas le débat). Mais ça doit être un vrai travail. Est-ce le cas? https://t.co/fJJUOZQ2dV
— Nicolas Chapuis (@nicolaschapuis) 25 janvier 2017
Enfin, le journaliste de l'émission Quotidien (TF1) Paul Larroutou a quant à lui imaginé un Alain Juppé qui jubile à l'annonce de cette révélation. Le maire de Bordeaux accueille aujourd'hui son ancien rival de la primaire, et on peut penser que l'amertume persiste après la victoire de François Fillon.
Ce matin, #Juppé voit débarquer chez lui à Bordeaux l'homme qui l'a battu, #Fillon,empêtré dans une affaire d'emploi fictif #PenelopeFillon pic.twitter.com/Ggjrf48Rnk
— Paul Larrouturou (@PaulLarrouturou) 25 janvier 2017
L'élu bordelais n'est cependant plus dans la course à la présidentielle. Cette nouvelle pourrait plutôt réjouir les candidats déclarés, autres que François Fillon, à droite de l'échiquier politique, comme Emmanuel Macron à sa gauche et Marine le Pen à sa droite, ou encore Nicolas Dupont-Aignan. Pour surmonter l'obstacle, l'ancien Premier ministre devra nécéssairement justifier si oui ou non, son épouse a occupé le poste qui justifie son salaire.