Coronavirus : à Sablé-sur-Sarthe, le coup de gueule d'une commerçante contre les grandes surfaces

Elle a ouvert sa boutique de vêtements pour femmes, en plein cœur de Sablé il y a deux ans. Contrainte de baisser le rideau comme des milliers d'autres commerces "non-essentiels", Sylvie s'insurge contre les grandes surfaces qui ne jouent pas le jeu de la solidarité.
 

Ce mardi 17 mars, premier jour de confinement généralisé, elle est seule, dans sa boutique. Elle fait son inventaire, pour sa clôture de bilan qui arrive à échéance le 31 mars.

Elle trompe le temps, si long depuis qu'elle a fermé les portes de sa boutique de vêtements pour femmes. Elle déjoue les angoisses d'un avenir, incertain. "Je vais faire une journée non-stop et puis après je rentrerai à la maison. Je ne sais pas quand je reviendrai".

Le moral est déjà confiné dans les chaussettes..."il me faut un peu de temps pour digérer l'info". Celle d'une fermeture sine die. "Après, espère t-elle, ça ira mieux".
 

La concurrence déloyale des grandes surfaces

Il y a sa propre situation, que cette commerçante peine à accepter, mais surtout,  il y a la colère de voir les grandes surfaces ouvertes, pleine de clients qui font la queue pour dévaliser les rayons alimentaires...mais pas que.

A Sablé, on est cerné par les grandes enseignes...alors certes, elles vendent de l'alimentaire et des produits d'hygiène mais pas seulement - Sylvie, commerçante

Je suis écœurée de voir que les rayons vêtements, chaussures, les bijouteries du magasin Leclerc restent ouverts. Les galeries commerciales sont fermées, mais à l'intérieur même des magasins, on peut tout acheter, tout ce qu'on l'on trouve habituellement dans notre rue piétonne !"

Sylvie laisse éclater son désarroi "Vous vous rendez compte, même une boutique comme Noz reste ouverte alors que l'alimentaire n'est qu'un prétexte pour eux...ils vendent quelques boites de conserve, et donc sont considérés comme un commerce essentiel ? C'est incompréhensible".
 

Pot de terre contre pot de fer

Il y a encore quelques semaines, c'est la vente en ligne qui préoccupait Sylvie et ses collègues.

"La saison avait démarré très difficilement et avec l'association des commerçants on s'apprêtait à lancer des animations dès les beaux jours revenus pour motiver les clients à venir acheter chez nous". Évidemment tout est arrêté.

Là, Sylvie estime que c'est "la double peine".
La vente en ligne explose, Amazon renforce ses effectifs pour faire face à la demande et les grandes surfaces ne mettent aucun dispositif en place pour épargner les commerces, contraints, eux, de fermer.

Sylvie regrette que les Leclerc, Super U, Carrefour, et autres supermarchés, qui s'affichent volontiers comme les promoteurs du territoire et vantent les mérites de la production locale ne pensent pas à préserver le petit commerce.

"Ils ne jouent pas le jeu de la solidarité. On pourrait imaginer que les rayons autres qu'alimentaires ou concernant l'hygiène corporelle soient neutralisés par des barrières pour éviter que les gens achètent des articles superflus".
Cette commerçante le sait mieux que personne: rien n'arrête le consommateur. Surtout dans une période où, l'acte d'achat est, d'avantage que d'habitude, perçu comme"rassurant".
Elle estime donc que c'est aux supermarchés de réfléchir à cette question et de poser des actes.


Et demain ?

Ce lundi soir, la commerçante sabolienne a attentivement écouté le chef de l'état. Il a promis que les charges, les loyers, les échéances de prêts seraient reportés.
"C'est une annonce qui soulage, c'est sûr, ça veut dire qu'on prend en compte notre situation...mais maintenant j'attends de voir ce qui va se passer. Ces 300 milliards, ils viennent d'où ? Je croyais que la France n'avait pas d'argent ?".

Malgré tout, Sylvie prend ce discours comme une bonne nouvelle. Pas le choix, c'est la seule, ces derniers jours.

Elle sait désormais que ses échéances de 1300 euros par mois pour couvrir ses charges vont être décalées. Pas comme le maigre salaire qu'elle se verse qui, lui, est carrément suspendu.
Elle relativise en disant qu'elle a de la chance de n'avoir aucun employé et de ne vendre que des produits non-périssables. On se console comme on peut.
 
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