Jobs d'été. Antoine est éclusier sur un canal, "Ça me ressource" dit-il

Les plaisanciers les croisent lors de leurs périples sur les rivières et canaux de la région. Eux, ce sont les éclusiers et les éclusières qui manœuvrent les portes des sas autorisant ainsi l'accès au niveau suivant du cours d'eau. En Sarthe, ce sont souvent des emplois saisonniers. Rencontre avec Antoine Beaufort, éclusier saisonnier à Juigné-sur-Sarthe.

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Le lieu est joli et apaisant, au pied de la commune de Solesmes, dans le sud du département. On entend très bien d’ailleurs les cloches de l’abbaye qui marquent le passage des heures.

"Et même des demi-heures, des quarts d’heure et des demi-quarts d’heure", ajoute en riant Antoine qui passe ses journées ici.

Antoine est éclusier saisonnier, embauché d’avril à la fin septembre par le Département sur l’une des 16 écluses que compte la Sarthe sur ses 90 kilomètres navigables.

"Ça me donne le temps de réfléchir"

Pâtissier de formation, il n’a pas trouvé son bonheur dans ce métier et est parti en voyage, a été notamment guide au Québec, puis est revenu dans son département d’origine où il a entendu parler de ce job saisonnier.

"Ça me plaît bien, dit-il, je n’ai pas de chef constamment sur le dos. C’est le côté autonome aussi. Ça me donne le temps de réfléchir à d’autres projets."

Antoine a deux projets de livre, l’un est un récit de son voyage en Nouvelle-Zélande et l’autre un livre de photographies sur Noirmoutier.

C’est la troisième année qu’il est pris pour ce job. La première fois, il avait été affecté à l’écluse de Roëzé-sur-Sarthe, en amont.

Construite en 1864, l’écluse du port de Juigné-sur-Sarthe est la première que passent les plaisanciers qui ont loué une pénichette au départ de Sablé-Sur-Sarthe. Ce qui donne lieu, parfois, à des moments de stress pour les navigateurs débutants.

"Parfois, ça tape un peu à l’entrée de l’écluse, constate Antoine. Il faut les rassurer, les mettre en confiance, leur dire de prendre le temps."

Jusqu'à 26 bateaux dans une journée

Lorsqu’un plaisancier se présente à l’écluse du canal, il donne un coup de klaxon et Antoine vient manœuvrer l’ouvrage. Si c’est en dehors de ses horaires de travail (9h30-12h30  14h-18h), le plaisancier se débrouille tout seul. En sachant que passer l’écluse est interdit entre 20h et 9h.

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Antoine Beaufort, Eclusier à Juigné-sur-Loire ©France Télévisions Olivier Quentin
Le travail d’Antoine consiste d’abord à actionner les vantelles, ces trappes qui sont sous le niveau d’eau sur les portes des écluses, afin qu’elles laissent passer l’eau et que le sas se remplisse ou se vide selon le sens de navigation. Puis, il ouvre les portes coté plaisancier, ce dernier pénètre dans le sas, Antoine referme les portes et va opérer de l’autre côté de l’écluse.

"Il faut compter 10 à 20 minutes par éclusage" précise Antoine.

Son record, l’été dernier : 26 bateaux dans la journée dont, pour certains, deux passages.

"C’est un peu physique quand il y a beaucoup de passages et il faut aussi savoir s’exprimer en Anglais", ajoute Antoine.

Un autre mode de vie

Avant de prendre en charge leur écluse, les saisonniers suivent une formation à l’éclusage sur une matinée et l’après-midi, une formation sur le tourisme pour pouvoir renseigner les plaisanciers de passage.

"Le profil (des éclusiers saisonniers), explique Sylvain Divert, chef du bureau de la navigation au Département de la Sarthe, c’est quelqu’un qui a envie de contacts, qui aime travailler dehors, qui est rigoureux aussi, car il y a tout un volet sécurité à respecter. On ne demande pas des gens spécialisés, mais qui s’intéressent à beaucoup de choses. On a des jeunes trentenaires et après, des gens de 50, 55 ans qui sont en recherche d’un autre mode de vie."

Le salaire est un SMIC amélioré. Une précision : la maison n'est pas à disposition, elle est occupée par un agent titulaire en charge de l'entretien de plusieurs écluses. Antoine y a cependant une petite pièce/bureau et des sanitaires qui sont également utilisables par les plaisanciers.

Au fur et à mesure des départs en retraite, les agents éclusiers titulaires ne sont pas remplacés.  Il y a quatorze agents saisonniers dont onze pour la gestion d’écluses et trois qui sont volants pour les remplacements lors des absences des saisonniers. En 2024, le Département de la Sarthe comptait encore trois femmes titulaires (à l’origine, c’étaient les femmes de bateliers qui tenaient les écluses) et un homme. Chez les saisonniers, il y a quatre femmes et dix hommes.

"Mais, tous les ans, on voit de plus en plus de femmes qui postulent", précise Sylvain Divert.

Une biodiversité riche

La journée d’Antoine se passe aussi à surveiller la cote d’eau, à enlever des objets flottants dans l’écluse, des morceaux de bois qui pourraient endommager les hélices des bateaux et à entretenir les abords de l’écluse, les parterres fleuris, le désherbage… Il peut lui arriver aussi de manœuvrer le pont tournant qui donne accès à l’ilot Saint-Clément, lorsque, parfois, des scouts viennent y camper.

Le tout au son des grenouilles, de la cloche de l’abbaye de Solesmes et des chants d’oiseaux.

"On voit des hérons, des Martin-pêcheurs, des sternes qui plongent pour pêcher" raconte notre éclusier. Qui dit apprécier aussi les moments de solitude

"Le milieu fluvial, le contact avec l’eau, ça me ressource" dit-il.

Une dernière précision : les bords du sas de l’écluse s’appellent les bajoyers, "un mot qui donne pas mal de points au Scrabble" nous apprend Antoine.

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