Sarthe - coronavirus : inquiétude des salariés d'Howmet après la reprise d'activité à l'usine de Saint-Cosme-en-Vairais

L'usine de la Sarthe qui fabrique des pièces dédiées à l'aviation et l'automobile a rouvert ses portes lundi 30 mars, alors que la période de confinement due au coronavirus a été prolongée jusqu'au 15 avril en France.

A nouveau l'usine s'agite, le vacarme des machines reprend. Tournage, usinage, recoupe des pièces, la plupart des 650 employés d'Howmet de Saint-Cosme-en-Vairais dans la Sarthe retrouvent leurs ateliers et leurs collègues. Pour beaucoup, à contre-coeur. Après un arrêt de deux semaines à cause d'une suspicion de cas de coronavirus, les dirigeants ont décidé de relancer l'activité et de rappeler tous les employés au travail à partir du lundi 30 mars.

En pleine période d’épidémie, l'angoisse d'une diffusion du virus au sein de l'entreprise est partagée. « Tout le monde a peur de cette maladie là. » affirme Philippe Poirier, délégué syndical FO. « On a des familles à protéger. Ici, les ouvriers ont peur de ramener le coronavirus chez eux. Des conjoints ou conjointes peuvent avoir une santé fragile. »

C'est justement pour éviter cette situation que l’entreprise américaine qui fabrique des pièces métalliques pour l'automobile ou l'aviation, notamment pour Airbus, a pris de nombreuses mesures sanitaires. La distanciation sociale d'un mètre doit être scrupuleusement respectée dans l'usine : dans les ateliers, salles de repos et à la cantine, où les horaires sont étendus pour permettre aux employés de se répartir dans la salle. Les vestiaires sont fermés, les salariés sont priés de venir directement en tenue de travail.

Les fontaines à eau sont condamnées, il faut venir avec sa propre bouteille. Howmet distribue également du matériel de protection : des housses individuelles à poser sur le siège des voitures, des gants, du gel hydroalcoolique, et des masques achetés à une entreprise locale qui produisait jusqu'ici des sous-vêtements. « On n'est pas rassuré, même avec la sécurité, lance le syndicaliste. On demandait juste de repousser la reprise du travail. On ne fabrique pas du pain pourtant ! Nous ne sommes pas une usine de produits de première nécessité. »

Le site fabrique essentiellement des boulons et des vis. Pour autant, cette activité n'est pas concernée par l'arrêté du 14 mars qui oblige certains commerces non essentiel à fermer. « Les dirigeants ont le droit de demander à leurs salariés de venir travailler. Par contre, la société est tenue à une obligation de sécurité vis à vis de ses employés. Elle doit mettre en place des outils qui permettent d'éviter la propagation du virus » souligne Maitre Boris Marie, avocat au barreau du Mans.

Même avec ces mesures de crise, le risque encouru par les salarié est trop grand pour Sylvie Goulet, secrétaire général FO Sarthe, qui résume : « nous sommes les derniers de cordée, premiers de corvée. Elle enfonce le clou : la société ne joue en plus pas le jeu de la solidarité en temps de crise : La préfecture a demandé aux entreprises de collecter les matériels de protections qu'ils ont en stock pour alimenter ceux des hôpitaux. Le message n'est pas arrivé chez Howmet visiblement. Je m'étonne. »

La direction, elle, reste pour le moment silencieuse et choisit son moment pour répondre aux critiques. Le groupe américain prépare un communiqué qui sera diffusé en fin de semaine nous indique-t-on à Howmet. Les salariés l'attendent impatiemment.
 

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