Vendée / Loire-Atlantique - Tomates françaises : et si tout n'était pas si bio que ça...

Encore marginale en France, la culture de tomates bio sous serres chauffées émerge notamment dans les Pays de La Loire. Mais en Loire-Atlantique et en Vendée, des producteurs locaux sont vent debout contre ces nouvelles pratiques qu'ils trouvent non écologiques.
 

En France, la tomate bio représente aujourd'hui 5% de la production nationale. Selon l'Agence Bio, une grande majorité est importée. Elle estime que 61% des tomates bio arrivent de l'étranger.
 
On est à la fin du printemps. A La Chapelle-sur-Erdre, près de Nantes, Damien Chiron plante en plein champ ses derniers plants de tomates de l'année. Ce producteur de légumes bio espèrent ainsi récolter les ultimes tomates à la sortie de l'été, mures, toutes rouges et gorgées de soleil. Pourtant, en étant agriculteur bio, il sait qu'il doit faire avec la nature, le vent, la pluie, le soleil et ses coups de chaud. En cultivant ainsi, il accepte les aléas de la nature. 

Car Damien applique les principes du bio établis dans la charte de production européenne comme respecter la saisonnalité des légumes (pas de fraises ou de tomates l'hiver par exemple) et réaliser la rotation de ses cultures.

 

Un bilan carbone multiplié serait par 8


Mais le bio sera-t-il victime de son succès ? De nouveaux acteurs émergent sur ce marché du bio. Des sociétés font sortir de terre des serres géantes pour produire des légumes toute l'année. Pour Damien Chiron, les pieds bien ancrés au sol fertile de son champ, c'est une aberration écologique car ces serres seront chauffées au gaz

Si des industriels essayent de trouver un biais pour pouvoir chauffer en hiver et faire des tomates hors saison, je pense qu'on est dans le faux. On parle d'urgence climatique, tous les voyants sont au rouge... Il faut mettre le holà ! - Damien Chiron, producteur

Selon l'Ademe, l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie, le bilan carbone d'une tomate produite sous serre chauffée serait huit fois plus élevé que celui d'une tomate de saison.

C'est un argument de plus pour ces producteurs bio, très mobilisés, qui ont mis en ligne une pétition "Non aux serres chauffées" pour influer et demander de ne pas accepter les serres chauffées en bio.

Car le 11 juillet prochain, la commission nationale d'agriculture biologique doit prendre la décision d'accepter ou non la création de serres chauffées en agriculture bio. Pour eux, la partie n'est pas gagnée car la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, s'est positionnée en faveur de ces serres.

En Pays de la Loire, les premières serres chauffées sont en construction sur douze hectares à Commequiers, en Vendée. Elles devraient produire tomates, salades et autres légumes bio. L'un des propriétaires, un maraicher du département, n'a pas souhaité être interviewé mais a précisé qu'il respectera les règles du bio.
A Commequiers, un collectif de riverains des serres dénonce, de son côté, une dérive industrielle. "Tout est économique dans ce dossier et notamment la rentabilité des serres." précise Léonard Martineau, président de l’association CTVR, le Collectif pour la Tranquillité et la Vie Rurale. "Ils vont produire de l'électricité en chauffant les serres. Pour nous, les serres bio sont une couverture pour revendre de l'électricité. Ça ressemble plus à une usine qu'à une ferme agricole. C'est plus une prairie."

Souvent associé à une agriculture paysanne, le bio est-il en train de changer de dimension ? La question reste posée. Les consommateurs et la grande distribution réclament des légumes produits localement à un prix abordable. Et c'est l'un des autres arguments avancés par ces nouveaux agriculteurs bio.

 
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