Pour mieux protéger les dauphins, il est envisagé de suspendre la pêche dans le golfe de Gascogne pendant deux semaines cet hiver. Les pêcheurs des Pays de la Loire refusent. La ministre de la Mer les soutient.
Trop de dauphins pris dans les filets ou retrouvés morts, échoués sur les côtes. Voilà des années que la commission européenne pointe du doigt plusieurs pays dont la France, accusés de ne pas faire ce qu'il faut pour protéger ces espèces.
Dans son rapport sur le nombre d'échouages de mammifères marins constatés en 2018, l'observatoire Pélagis notait que ce nombre était supérieur à la moyenne des échouages dans les dix dernières années (1753 en 2018 contre 990 en moyenne depuis 10 ans).
Cette année-là, c'est en Vendée et en Charente Maritime que l'on avait constaté les plus grand nombre d'échouages de dauphins communs.
"Des lésions compatibles avec une mort par capture accidentelle dans un engin de pêche"
Concernant le dauphin commun, l'espèce la plus représentée dans ces échouages, l'observatoire note que : "Au cours des 4 premiers mois de l’année (2018), les correspondants ont enregistré plus de 518 dauphins communs et selon les examens établis, 63% des animaux examinables présentaient des lésions compatibles avec une mort par capture accidentelle dans un engin de pêche."Le tribunal administratif de Paris a condamné l’Etat français pour "carence" dans la gestion de ce dossier et, en juillet dernier, la France a été mise en demeure par la Commission européenne de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la prise accidentelle des dauphins dans les filets des pêcheurs. Afin d'éviter une sanction, la DPMA (direction des pêches maritimes et de l’aquaculture) a proposé pour protéger les mammifères marins l'arrêt de certains types de pêche (chaluts pélagiques) dans le golfe de Gascogne pendant deux semaines entre janvier et mars 2021.
Une mesure "spatio-temporelle" que dénonce le Comité Régional des Pêches et des Elevages Marins (COREPEM) des Pays de la Loire qui, dans un communiqué estime que "Au-delà̀ de la perte économique sèche (estimée à 7 millions d'€) que ces mesures pourraient représenter pour les navires, l’arrêt de la pêche en cette forte période de production risque de porter atteinte à l’activité́ de mareyage, déjà fragilisée par le confinement. "
"Le nombre de navires a été divisé par deux en Pays de la Loire"
Le COREPEM, qui représente l’ensemble des marins pêcheurs de Loire-Atlantique et de Vendée, ne nie pas le problème mais estime que la profession a déjà fait de nombreux efforts pour la préservation de la ressource." La politique de gestion drastique des pêches, fait remarquer le président du COREPEM José Jouneau, nous l’avons appliquée depuis 30 ans. Et le nombre de navires a été divisé par deux en dix ans en Pays de la Loire ".
La profession refuse en conséquence de nouvelles contraintes qui viennent s'ajouter aux menaces sur les accès aux zones de pêche du fait du Brexit.
Le soutien de la ministre de la Mer
Mercredi matin, les pêcheurs ont reçu semble-t-il le soutien de la Ministre de la mer Annick Girardin qui s'est déclarée opposée à la fermeture temporaire de la pêche dans le golfe de Gascogne."On va proposer qu'il y ait un protocole pour évaluer la biomasse des cétacés, annonce José Jouneau, pour avoir une base réelle et scientifique parce que les chiffres sont contradictoires."
Reste à savoir si l'Europe se montrera encore patiente et attendra les résultats de cette éventuelle étude...
La pêche en Pays de la Loire
Selon les données fournies par le COREPEM, la région Pays de la Loire est la deuxième région française de pêche. Elle compte :- 13 ports,
- 58 navires
- Plus de 1 200 emplois,