La pêche au gangui est ancestrale et exclusivement pratiquée dans le Var. Alors que l'Union européenne l'autorise par dérogation, la législation française pourrait précipiter sa disparition. Ses dangers sur la biodiversité marine sont pointés du doigt.
La pêche au gangui est une pratique utilisée depuis plusieurs siècles sur les côtes de la Méditerranée. Sa technique consiste en l'utilisation d'un filet aux mailles serrées, lui permettant notamment de capturer les poissons de roche, très prisés dans la gastronomie locale.
Mais ce pan de l'identité maritime du Var est-il compatible avec les impératifs de défense de l'environnement ?
Bien que faisant partie du patrimoine local, son impact environnemental est critiqué. Les conséquences de son utilisation pourraient notamment constituer une menace pour les herbiers de posidonies, sortes de prairies agissant comme des poumons marins, essentiels à l'équilibre de la biodiversité.
La technique de pêche au gangui expliquée en images :
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Plan de sortie de flotte
La faible activité que représente cette pratique a donc permis une certaine souplesse réglementaire. Aujourd’hui, seuls trois navires mesurant entre 8 et 10 mètres souhaitent continuer de perpétuer cette tradition, ce qui a particulièrement motivé la décision de l'Union européenne de leur accorder une dérogation.
Néanmoins, la France a de son côté décidé d'interdire de manière définitive le gangui. Un plan de sortie de flotte, inscrit dans un arrêté du 30 juillet 2024, prévoit un arrêt de cette pratique pour mai 2025.
Face à cette menace, les trois derniers pratiquants de la pêche au gangui ont saisi le Conseil d'État afin de contester cet arrêté. Ils mettent notamment en avant l'importance de préserver cette tradition familiale transmise de génération en génération.
Le député RN du Var Philippe Lottiaux a posé une question écrite au ministre délégué chargé de la mer, soulignant le faible impact de cette pêche en termes d’échelle et plaidant pour une révision de l’arrêté.
Selon lui, "cette activité ancestrale se voit sacrifiée sur la seule demande de la France". Il insiste sur l’importance de préserver ce "savoir-faire artisanal typique du Var", expliquant notamment que seuls trois navires envisagent de continuer leur activité.
Si la fin de cette pratique venait à être confirmée, cela aurait pour conséquence la disparition d'un savoir-faire artisanal typique du Var et la mise en danger des pêcheurs et de leurs familles qui vivent exclusivement de cette pêche.
Philippe Lottiaux, député RN du Var.
À l’inverse, des ONG comme Bloom et ClientEarth critiquent cette pratique pour ses impacts écologiques dévastateurs.
Elles rappellent notamment le devoir d'exemplarité de la France alors que la ville de Nice accueillera en 2025 une conférence des Nations-Unies sur les océans.