Les apiculteurs professionnels de la région ont fait entendre leur voix ce vendredi 15 novembre. Ils se sont rassemblés devant l’Office national des forêts à Aix-en-Provence. Ils dénoncent une réglementation injuste concernant l’installation de leurs ruches dans les domaines forestiers.
Ce vendredi 15 novembre, les apiculteurs de la région, se sont rendus à Aix-en-Provence. Leurs ruches ont bloqué l’entrée des locaux de l’ONF.
"On fait partie de la biodiversité"
Une cinquantaine d’apiculteurs venus de toute la région se sont réunis en intersyndicale. Confédération paysanne, FDSEA et Jeunes agriculteurs avec la même revendication.
" Il faut revoir cette convention qu'ils veulent nous imposer, et qui veulent tuer l'apiculture professionnelle en milieu de forêt domaniale", décrit Éric Lelong, président de la commission apicole de la FNSEA. "Et ça, c'est totalement inadmissible pour nous, puisqu'ils veulent nous imposer des règles de densité. C'est-à-dire le nombre de ruches par emplacement, et les distances entre les ruchers, ce qui est totalement inacceptable".
Le contexte de l'apiculture est déjà tendu, avec l'arrivée du frelon asiatique et le réchauffement climatique qui complique le rendement des ruchers.
"On a déjà assez de difficultés pour vivre de notre métier, alors merci à l'ONF d'arrêter de nous rajouter des difficultés supplémentaires", souligne Eric Lelong.
Abeille domestique et abeille sauvage
Julien Panchout, directeur de l’ONF Bouches-du-Rhône et Vaucluse revient sur le but de la réglementation. C’est pour éviter que l’abeille domestique entre en compétition avec l’abeille sauvage, que l’ONF a statué sur des chiffres. "Cette densité a été prise par rapport aux données scientifiques qu'on a aujourd'hui. C'est 30 ruchers par emplacement, on peut monter à cinquante ruchers dans le cadre de miellées exceptionnelles quand on a beaucoup de nectar. La séparation entre deux ruchers, c'est deux à trois kilomètres sauf en zone de forts reliefs".
Des chiffres largement insuffisants pour ces professionnels, comme le rappelle Adrien Ciappara, apiculteur dans le Var, membre des Jeunes Agriculteurs, " nous, on demande environ 80 ruches, qui est un emplacement d'apiculteurs professionnel en période de miellée. Il faut remettre dans le contexte, la flore est généreuse, la forêt donne, et nous, on arrive avec nos ruches et on met 80 ruches pendant cette période-là. Ce qui fait qu'on n'aura pas d'impact sur les pollinisateurs sauvages".
La complexité de trouver de bons sites
Le risque, selon eux, c’est aussi que les apiculteurs se disputent les emplacements. "Si on utilise les sites de l'ONF, c'est parce qu’ailleurs, c'est aussi difficile de trouver des sites naturels , où il n'y a pas de grandes cultures autour. Et on va tous se retrouver à aller chercher ailleurs. Et on va tous aller taper aux portes des mêmes personnes. Donc ça va être compliqué", précise Marion Dou, apicultrice dans les Hautes-Alpes.
Une première réunion nationale entre l’ONF et les syndicats est d’ores et déjà prévue à Paris le 16 décembre.
Article rédigé avec Lucie Nuttin et Gilles Ammar, journalistes à France 3 Provence-Alpes
