Agriculteurs en colère.“Le dispositif d'accompagnement au RSA est à côté de la plaque", selon la confédération paysanne

Mise en place suite à la loi "Plein emploi" de 2023, la deuxième expérimentation de l’accompagnement rénové des bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (RSA) qui a débuté en mars 2024 suscite de vives critiques de la part des agriculteurs.

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Le dispositif d’accompagnement rénové des bénéficiaires du RSA, incluait 18 départements, est désormais appliqué dans 31 nouveaux départements pour cette deuxième phase d'expérimentation. Il est censé suivre les allocataires via des stages obligatoires, dans le but de favoriser leur retour à l’emploi. Cependant, les agriculteurs, déjà en activité, dénoncent une approche inadéquate. Le dispositif est à côté de la plaque puisque ce sont des personnes qui sont déjà en activité”, avance Laurent Thérond, le co-porte-parole de la Confédération paysanne du Vaucluse.

Une volonté de “sortir les agriculteurs du dispositif”

Les agriculteurs s’attendaient à un suivi personnalisé. Or, comme le souligne Katia Rakba, animatrice syndicale à la Confédération paysanne du Vaucluse, "ils se retrouvent mélangés à des profils très différents, dans des groupes de 20 à 30 personnes, avec des conseillers qui ne connaissent pas du tout les logiques des métiers agricoles". Ce reproche est accentué par une autre critique : l’imposition de 15 à 20 jours de stage sur site, une obligation inadaptée pour des agriculteurs qui travaillent déjà, “de 40 à 50 heures par semaine”, précise-t-elle. "Comment sont-ils censés se rendre aux réunions ?", ajoute-t-elle.

Près d'une vingtaine de cas déjà recensés 

Sur l'ensemble du département, la Confédération a déjà reçu une vingtaine de témoignages. "Ce n’est qu’une petite partie puisqu’on n’a pas encore recensé tout le monde", relate le porte-parole de la confédération paysanne. Tous originaires des alentours de Carpentras, ils décident de partager leurs expériences. Florian, 40 ans, en situation de handicap, a lancé sa société il y a un an et demi. Il s’adonne à différentes activités dont le maraîchage et la boulangerie. Son installation récente s’accompagne d’emprunts : "Le RSA est censé être un accompagnement à l’installation aussi", rappelle l’animatrice syndicale.

Un autre exploitant, âgé de 60 ans, est, lui, spécialisé dans les plantes aromatiques. Il est très connu localement, mais peine à gagner des revenus suffisants. "Il gagne entre 20 000 et 30 000 euros par an, mais les charges agricoles réduisent considérablement ses marges", raconte Laurent Thérond.

Les témoignages s'accumulent autour d'un constat : une gestion punitive des absences. Une agricultrice de 50 ans, récemment séparée et engagée dans la production de roses, a été radiée après avoir manqué deux jours de formation en raison d'une livraison de foin. "Elle a pourtant expliqué son absence, mais elle a reçu une lettre de radiation peu de temps après", rapporte Katia Rakba.

D’autres ont été convoqués par SMS pour des séances de formation avec des horaires imposés. "Aucune absence n’est tolérée", souligne l’animatrice syndicale. Les sanctions, perçues comme injustifiées, laissent peu de marge de manœuvre aux bénéficiaires.

Somme toute, le suivi est jugé "autoritaire", du moins l’expérience "varie vraiment selon les personnels". Il poursuit, "Même si les agriculteurs ont déjà tenté de faire remonter les problèmes et l’ont un peu expliqué au personnel, mais ils n’ont pas la main, ils ont des directives à suivre”, ajoute-t-il.

"Nous avons prévu de négocier avec le Département".

La Confédération paysanne du Vaucluse demande le respect des textes gouvernementaux et d’adopter une approche plus adaptée. “On avait demandé à ce que les agriculteurs sortent de ce dispositif. Ou du moins, qu’ils soient suivis par des structures comme la Mutualité Sociale Agricole (MSA) qui pourrait mieux reprendre l'accompagnement”, plaide Katia Rakba

Pour Laurent Thérond, la situation de certains agriculteurs est intenable : "Avec 20 000 euros par an, si l’on bloque les agriculteurs avec des contraintes administratives, c’est compliqué de s’en sortir”. Le co-porte-parole espère voir le dispositif évoluer, mais prévient : "Nous avons prévu de négocier avec le Département".

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