Interdiction du S-Métolachlore, "à force de nous interdire nos produits phytosanitaires on ne va plus pouvoir produire en France"

Un nouvel herbicide est en passe d'être interdit dans nos cultures : le S-Métolachlore sert notamment à protéger le maïs, le soja et les tournesols.

L'agence de Sécurité Alimentaire recommande le retrait progressif du marché du S-Métolachlore pour mieux protéger l'environnement. Premiers visés, les céréaliers qui se voient privés d'un nouvel outil précieux pour leurs récoltes.

Sur son exploitation située en sud Vendée Eric Porcher, agriculteur céréalier, consacre près de 30 hectares à la culture de tournesol. Pour protéger cette plante des mauvaises herbes, il a recours au S-Métolachlore.

Un nom inconnu du grand public mais très courant dans la bouche des céréaliers.
C’est l’un des trois herbicides les plus utilisés en agriculture conventionnelle.

L’annonce de sa prochaine interdiction fait bondir Eric Porcher qui compte bien utiliser les stocks qu’il a déjà reçus.

"J’ai une autorisation de mise sur le marché, donc ça veut dire que je peux, sans interdiction autre, utiliser ce produit à des fins de désherbage pour la culture du tournesol, explique le céréalier, donc j'envisage effectivement d'utiliser ce produit  première quinzaine d'avril, au moment des semis",

On va appliquer le produit, on va le mélanger à la terre pour qu'il n'y ait pas d'évaporation et puis le produit va faire son effet par rapport aux herbes qu’on combat

Eric Porcher

Agriculteur céréalier

Un remède pire que le mal

Une fois dans le sol, le S-métolachlore se dégrade dans des sous-produits qu’on appelle des métabolites. Ces métabolites se retrouvent ensuite dans les nappes phréatiques.

Mais, prévient l‘agence sanitaire, il n’y a pas de danger à consommer cette eau qui reste potable.
Il s’agit avant tout de préservation de l’environnement. D’où le caractère progressif du retrait du S-métolachlore.

"Notre interdiction ne vient pas d'un problème de potabilité, explique Charlotte Grastilleur, directrice générale déléguée du pôle produits réglementés à l’Anses, mais d'une limitation du retour dans les eaux souterraines pour protéger l'environnement, les ressources hydriques. Dans ce contexte, quand le risque est acceptable, la législation prévoit que l'interdiction puisse être progressive, notamment au bénéfice des agriculteurs (...). Dans ce contexte là il est assez classique d’avoir des délais de 6 mois pour la vente et de 12 mois pour l'utilisation".

Eric Porcher, comme ses collègues, se conformera à la loi. Reste que, selon lui,  le remède est pire que le mal.

"Si on n'utilise pas celui-là, on va pouvoir en utiliser d'autres qui ont des autorisations d emise sur le marché en vue de détruire les herbes qu'ont a à combattre, explique l'agriculteur, après on a aussi la solution mécanique".

La solution mécanique c'est du temps, du carburant, donc au niveau du bilan carbone ce n'est pas tout à fait ça

Eric Porcher

Agriculteur céréalier

"A force de nous interdire nos produits phytosanitaires on ne va plus pouvoir produire en France, les produits alimentaires vont venir de l'étranger, déplore Bertrand Mitard, responsable des grandes cultures FDSEA 85, on a aussi un autre dilemme, c'est qu'on a nos collègues qui sont passés en bio, qui cultivent sans produits phytosanitaires ou très peu, mais aujourd'hui le consommateur se détourne de ce mode de production".

Eric Porcher a commandé ses produits au mois de novembre dernier. Sur son exploitation cela représente chaque année entre 25 et 30 litres de S-Metolachlore suivant les surfaces.

Il a prévu de démarrer ses semis à la mi-avril. Et d’utiliser ce produit tant que la loi le permet.

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Un nouvel herbicide est en passe d'être interdit dans nos cultures : le S-Métolachlore sert notamment à protéger le mais, le soja et les tournesols. ©France Télévisions

Le reportage de Vincent Calcagni, Amélie Lepage, Florence Thibert

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