Déconfinement : sur l'île d'Yeu ce sera le 25 mai, une décision attaquée au tribunal administratif

Le déconfinement commencera le 25 mai sur l'île d'Yeu. Une nantaise attaque aussitôt la décision du maire et du préfet au tribunal administratif. Une date du 25 mai actée au terme de débats enflammés entre Islais résidents soucieux de leur santé, et commerçants pressés de reprendre leur activité !

Ainsi l'île d'Yeu déconfinera le 25 mai ! Une première décision de déconfinement au 11 mai, prise par le préfet de la Vendée, avait mis l'île en ébullition. Devant le tollé suscité par sa décision, il est revenu en arrière, et s'est attiré aussitôt les foudres des commerçants !

Avec leur caractère d'Islais en acier trempé, et de surcroît inoxydable, les prises de décision ne sont pas commodes pour les autorités. Le maire comme le préfet ont dû composer au risque de se mettre à dos les uns ou les autres !

Comme si cela ne suffisait pas, une Nantaise propriétaire d'une résidence secondaire attaque la décision au tribunal administratif. L'île d'Yeu est à elle seule comme un village gaulois !

Le déconfinement est passé dans les conversations devant la disparition de Tatie Bichon. "La reine de la gaufre et des glaces", à presque 82 ans, s'en est allée durant le confinement ! Elle faisait partie de ces Islais au caractère en acier trempé, elle aurait assurément ajouté son point de vue au débat !

Sur l'île tout le monde connaissait Tatie Bichon, Camille Moroz à l'état civil. Les enfants de l'île ont tous travaillé comme "saisonnier" chez elle. Apprenant à son contact les dures réalités du commerce estival. "Deux mois de travail sans congés... et payés au black, que des filles" précise Estelle (le prénom a été changé), résidente sur l'île.

Les touristes font vivre la plus grande partie des commerces, cafés, hôtels, restaurants, et les résidents secondaires font vivre les artisans du bâtiment, les paysagistes ou encore les habitants qui travaillent à leur service, pour le ménage par exemple.

 

Les habitants contre le préfet

L’île d’Yeu est coupée du monde depuis le 16 mars ! Les liaisons vers l’île avaient été globalement fermées, réservées pour les résidents 3 fois par semaine. Seuls quelques ouvriers travaillant sur l'île avaient obtenu une dérogation. Une mesure prise par le préfet de la Vendée devant l'afflux de réservations lié à la perspective du confinement mi-mars.
 
Avec l'annonce du plan de déconfinement de la Vendée, le 8 mai dernier, le préfet avait annoncé que l‘île d’Yeu serait accessible pour celles et ceux pouvant justifier d’une adresse à moins de 100 km pour pouvoir se rendre sur l’île.

Une condition qui a provoqué un tollé parmi les autorités locales de l’île, et plus encore chez les habitants !

"Depuis le début, les cas suspects au Covid ont été envoyés sur le continent, en soins pour les cas avérés, en quarantaine pour les cas suspects. Deux ou trois semaines à l'isolement pour ne pas contaminer nos familles ou les autres ilais, donc non ! On ne nous autorise pas à aller sur nos plages, mais les touristes pourraient revenir en masse ? Ce n'est pas juste. Donc re-non !" poursuit Christine, résidente à Port-Joinville.
 

Les commerçants contre le préfet

Le  préfet est donc revenu, à la vitesse de l'hélico qui fait la navette avec le continent, sur sa décision ! "Après consultation de l’autorité locale et des autorités sanitaires, l’accès à l’île d’Yeu reste interdit aux non-résidents permanents. Cette interdiction sera réévaluée au plus tard à la fin du mois de mai en fonction de l’évolution de la situation sanitaire."

Les habitants de l'île ont accueilli cette décision avec soulagement. Mais ordre et contre-ordre, ça fait désordre ! Pas contents du tout les commerçants du quai Carnot à Port-Joinville. C'est la porte d'entrée maritime sur l'île. Porte par où passent 750 000 voyageurs chaque année...
Cafetiers, restaurateurs ou hôteliers, attendaient de pied ferme cette marée humaine pour le 11 mars. La décision du préfet les a mis dans une colère noire. Et le débat avec les autres ilais de repartir de plus belle.

Un restaurateur qui souhaite garder l'anonymat veut travailler tout de suite et le plus possible. Insensible aux aides qui pourraient être apportées par le gouvernement qui prévoit 18 milliards d'euros pour le soutien au tourisme. "Ah oui mais nous on y aura pas droit  !" Pour quel motif  ? "Je ne sais pas !" Difficile dans ces conditions d'en savoir plus sur l'aspect économique d'un déconfinement décalé !

Pas loin  sur le quai, Pierre Nauleau à l'hôtel des voyageurs, s'était mis en colère en entendant le préfet revenir sur un déconfinement de l'île au 11 mai . Il s'est apaisé : "Le maire a pris une décision avec le retour des bâteaux le 25, je m'y range, je ne ferai plus de commentaires. J'ai eu trop de pressions !" 

Le Maire agit en sage

Alors le Maire, Bruno Noury, d'annoncer sur Neptune FM, la radio qui relie les ilais du monde entier, que le service maritime reprendra le 25 mai. Si d'ici là l’évolution de la situation sanitaire le permet.

"La Compagnie Yeu-Continent reprendra donc ses horaires prévus mais la capacité des navires sera réduite de moitié. Les traversées entre l'île d'Yeu et le continent vont pouvoir être ouvertes à tous dans un rayon de 100 km à partir du 25 mai.
La décision a été prise en concertation avec tous les groupes de travail et motivée par différents problèmes importants qui ont été réglés comme le retour de l'hélicoptère d'évacuations sanitaire, qui était en réparation (toutes les évacuations se faisaient alors par la SNSM) et la création d'un dispositif d'isolement pour les personnes atteintes du Covid-19, afin qu'elles puissent rester sur l'île."


La question sanitaire reste la clé du retour à la normale sur l'île d'Yeu. Un dispositif tout juste en hiver pour les 5000 habitants. L'île dispose d'un hôpital local qui n'en est pas vraiment un, et chaque saison des renforts de médecins arrivent en même temps que les estivants !

Et puis, l'hélicoptère qui assure la liaison entre l'île et le continent est en maintenance ces temps-ci. Les conditions d'évacuation de nouveaux malades auraient été problématiques et seulement possibles par voie maritime en fonction des marées... Autant de difficultés que le Monsieur le Maire, prudent, préfère ne pas avoir à résoudre.
 

Une décision attaquée au tribunal administratif

Une continentale a décidé d'attaquer la décision du préfet au tribunal administratif. Cette personne qui a quitté Paris pour l'ouest, vit entre Nantes sa résidence principale et l'île d'Yeu où elle possède une résidence secondaire. Cette propriétaire estime qu’il s’agit d’une "atteinte grave" à son "droit de propriété" et à son "droit d’aller et venir" librement sur le territoire national.
Nos confrères du Courrier Vendéen qui relatent l'affaire précisent que : "la plaignante évoque aussi le travail colossal de la remise en état de son jardin. Des voisin lui ont envoyé des photos".

Un motif qui a bien fait rire les ilais, tous d'accord cette fois pour ramener la "parisienne" à la réalité sanitaire de l'ile en temps de Covid : "il y a des paysagistes qui ont besoin de travailler, elle peut en commander un, une fois dans sa vie cette dame peut payer un employé, ça ne l'empêchera pas de vivre ! Ou attendre 10 jours de plus !" conclu Estelle, îlaise réaliste !
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