Pour contrôler la qualité de l'eau de mer, Ifremer effectue régulièrement des mesures et des prélèvements sur le littoral. À l'île d'Yeu, les scientifiques de la mer peuvent compter sur les sauveteurs de la SNSM pour les transporter sur la zone choisie.
La surveillance de la qualité des eaux de baignades est assurée par l'Agence Régionale de Santé. Mais, il est également nécessaire de surveiller la présence de micro-algues, de bactéries ou de virus transmissibles à la faune marine, voire à l'homme.
C'est ce que fait l'Ifremer notamment au large de l'île d'Yeu aux côtés de la SNSM.
Les bactéries et virus sous surveillance
Le rendez-vous est mensuel, les bénévoles de la station SNSM de l'ile d'Yeu le savent bien et sont déjà à bord, prêts à appareiller.
Le bateau à passagers du matin vient de débarquer son lot de touristes, duquel se détache la silhouette d'Anne Schmitt-Galloti qui n'a pas de taxi à attendre, ni de vélo à louer, mais juste à longer le quai Carnot. La technicienne scientifique de l'Ifremer, munie de sa glacière, file bon pas jusqu'au quai du Canada où l'attend l'équipage des sauveteurs.
Le bonjour du matin se fait en route. On prend des nouvelles de ce qui s'est passé en mer depuis le mois dernier. Ici un sauvetage, un remorquage, là un phénomène météo, ou biologique lié à l'océan.
Un point fixe de prélèvement
La zone de surveillance de l'eau n'a pas été choisie au hasard. Elle se situe entre l'est de l'ile d'Yeu et le continent, face à la plage des Conches. Un point fixe de prélèvement a été déterminé, coordonnées GPS à l'appui, car se situant dans une zone administrative de pratique conchylicole. C'est-à-dire qu'il existe tout près un site de production de coquillages, en l'occurence des moules.
Surveiller ce secteur permet de relever toute présence de bactérie ou de virus. C'est le cas surtout l'hiver, ou de micro-algues (surtout à la belle saison) et de signaler tout phénomène aux autorités (Direction Départementale des Territoires et de la Mer, Préfecture, ARS).
La technicienne Ifremer prépare ses équipements qui vont lui permettre d'effectuer les différents prélèvements et relevés d'information. Température de l'eau, en surface et au fond, acidité, turbidité, oxygénation de l'eau, autant d'échantillons et d'éléments qui seront transmis au LERMPL (Laboratoire Environnement et Ressources Morbihan Pays de Loire) de l'Ifremer à Nantes, l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la MER.
La présence de micro-algues
Les relevés d'été et ceux d'hiver ne donnent pas du tout les mêmes résultats. Cet été, des phénomènes de micro-algues ont pu être observés sur le littoral, jusqu'à l'eutrophysation et la coloration de l'eau, parfois jusqu'à la luminescence.
Les services de l'Ifremer, grâce à ce suivi et à l'ensemble des informations relevées, ont pu donner toutes les explications à ces phénomènes. Il est par ailleurs possible de participer au signalement de ces phénomènes via l'application Phenomer 2.0, téléchargeable sur tous smartphones.
"Quand on est témoin de ce genre de phénomène en mer ou sur le littoral, on prend une photo et on la poste sur le site ou l'applique, explique Jean-Côme Piquet, responsable du laboratoire IFREMER à Concarneau, c'est transmis aux scientifiques de l'IFREMER qui ont l'information sur cette apparition d'eau colorée. Si les participants sont motivés, on propose de faire un prélèvement, ce qui permet d'identifier en fait l'espèce qui est responsable de l'eau colorée avec une analyse qui est réalisée par nos scientifiques de l'IFREMER".
En cas de présence de toxines menaçant la faune marine ou l'homme, via l'ingestion de coquillages, les décisions sont toutes autres : avec les services de l'État, des décisions peuvent être prises pour interdire, zone par zone, la pêche à pied, de loisirs ou professionnelle, ou la commercialisation de tel ou tel coquillage pêché en mer depuis le contrôle, comme ce fut le cas l'hiver 2023/2024, très pluvieux, où la submersion de stations d'épuration a provoqué des interdictions de commercialisation d'huîtres au moment des fêtes de fin d'année.
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Cela n'implique pas la destruction du coquillage, il devra simplement être conservé en bassin ou attendre en mer que d'autres contrôles et d'autres analyses donnent des résultats conformes aux normes sanitaires en vigueur.
Ces décisions sont prises au cas par cas, par zone conchylicole, d'où la constance du lieu de contrôle et de prélèvement, et interviennent souvent à des rythmes plus rapprochés pour mieux surveiller le phénomène et limiter autant que possible l'interdiction de production conchylicole impactant l'activité économique de nombreuses petites entreprises et l'emploi local.
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