En Vendée, l'entreprise Hoffmann Green Cement Technologies s'est lancée dans la production de ciment bas carbone en 2020. Deux ans plus tard, elle continue à se faire une place dans le secteur de la construction, un secteur pris en étau entre conservatisme et efforts de transition énergétique.
Devant des grandes tuyauteries et immenses machines d'un blanc rutilant, Julien Blanchard ne tarit pas d'éloges sur le produit phare de son entreprise : le ciment bas carbone.
"On divise par six les émissions de CO2 par rapport au ciment traditionnel", affirme-t-il. La société Hoffmann Green Cement Technologies produit ce type de ciment depuis près de deux ans à Bournezeau en Vendée.
Un moyen de réduire l'empreinte carbone du secteur de la construction, très énergivore et polluant, mais dont les professionnels sont parfois difficiles à convaincre d'aller vers de nouveaux produits.
Ciment saignant ou à point
Le ciment Hoffmann présente pourtant un atout énergétique de taille. Il n’a pas besoin d’être chauffé à haute température (1500 degrés) pendant plusieurs heures, mais nécessite seulement un savant mélange de liants activés à froid, sans cuisson.
Ici, il fait 20 degrés et on fait tout à température ambiante. Il n'y a pas de cuisson, pas de chauffage, pas d'énergie et pas de gaz.
Julien BlanchardPrésident directeur général d'Hoffmann Green Cement Technologies
Une économie non négligeable, lorsque l'on sait que le secteur du bâtiment français consomme 18 millions de tonnes de ciment pour un coût énergétique colossal.
60% plus cher
Côté chantier, les ciments de chez Hoffmann sont utilisés dans certains bétons, pour construire des pans de murs, ou des escaliers. Mais pour les professionnels, les applications sont encore restreintes et le ciment bas carbone n'est pas toujours facile à utiliser.
Il y a une période de décoffrage un peu plus longue. En hiver, on ne pourra peut-être pas décoffrer dès le lendemain
Stéphane BouardDirecteur de travaux pour l'entreprise Pilet
Des ajustements techniques qui se doublent d'un inconvénient majeur pour les constructeurs : le prix.
"Pour 1m3 de béton bas carbone, vous allez être à 60% plus cher, explique Stéphane Bouard, directeur de travaux pour l'entreprise Pilet. Pour l'instant, à chaque fois qu'on propose un projet avec du ciment bas carbone, le dossier est toujours écarté parce qu'on est trop chers".
Une nouvelle unité de production
Ces réticences n'inquiètent pas Julien Blanchard, qui a conscience d'être nouveau sur le marché, "contrairement à nos concurrents qui sont là depuis 200 ans".
Il y a toujours eu du conservatisme dans le secteur du bâtiment et de la construction en général.
Julien BlanchardPrésident directeur général d'Hoffmann Green Cement Technologies
"Mais nous avons déjà signé des partenariats avec des entreprises majeures de la construction française, qui veulent mettre le pied à l'étrier", poursuit le PDG.
Forte d'un "gros carnet de commande", Hoffmann Green ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Une seconde unité de production devrait ouvrir à la fin de l'année 2022 et fabriquera 250 000 tonnes de ciment bas carbone supplémentaires.