Il est considéré comme l'incarnation d'une droite dure. Le sénateur vendéen Bruno Retailleau a été désigné ministre de l'Intérieur du gouvernement de Michel Barnier.
Michel Barnier a dévoilé son gouvernement, ce samedi 21 septembre. Bruno Retailleau figure ainsi parmi les 39 membres de ce nouveau gouvernement : 19 ministres de plein exercice (dont huit femmes), 15 ministres délégués et cinq secrétaires d'État.
Et s'il n'a pas encore tweeté à propos de sa nomination à l'heure où nous rédigeons ces lignes, le compte X de Bruno Retailleau fait déjà mention de cette nouvelle fonction.
Le cahier des charges qui attend le sénateur vendéen à l'Intérieur est lourd. Sécurité, immigration, conflit en Kanaky-Nouvelle-Calédonie… Le désormais ministre de l'Intérieur a déjà une longue pile de dossiers sur son bureau.
Né à Cholet (Maine-et-Loire) en novembre 1960, Bruno Retailleau a fait des Pays de la Loire son fief et son terrain de jeu politique. À bientôt 64 ans, le président du groupe LR au Sénat a conservé l'élégance discrète de sa jeunesse. Celle de la bourgeoisie de province qu'il cultive avec son large sourire ; franc pour certains, carnassier pour d'autres.
Lancé par Philippe de Villiers
Après avoir grandi dans une famille aisée de Vendée, Bruno Retailleau trouve sa voie à l'Institut d'études politiques de Paris. Mais c'est à un certain Philippe de Villiers qu'il doit sa mise en selle. La carrière politique du Vendéen se confond alors avec celle de l’inventeur du Puy du Fou.
Originaire du même canton ligérien, la relation entre Bruno Retailleau et le Vicomte est d'abord un lien de voisinage. Mais, passionné d'équitation, le jeune homme tape ans l'œil de Philippe de Villiers qui lui confie la mise en scène de la Cinéscénie du Puy du Fou.
Le courant passe bien entre les deux hommes. Ainsi, le leader souverainiste fait gravir les échelons à Bruno Retailleau sous les couleurs du Mouvement pour la France : conseiller général de la Vendée, député… C'est d'abord la lune de miel puis, en 2009, c'est la rupture.
Cette année-là, Philippe de Villiers accuse son poulain de traîtrise lorsqu'il est courtisé par François Fillon pour entrer au gouvernement. Ce rapprochement avec le Premier ministre de Nicolas Sarkozy est un tremplin pour Bruno Retailleau.
Président LR de la Région Pays de la Loire, président du groupe LR au Sénat ; le politicien est passé partout. Il ne lui manquait qu'un ministère pour compléter son CV. "C'est un homme politique assez hors normes. Il a une capacité de travail immense et il demande aussi à tous ceux qui l'entourent cette exigence de travail", détaillait à notre micro François Pinte, ex-vice-président LR de la Région Pays de la Loire, en 2020.
Une pensée "fascisante" ?
Bruno Retailleau est souvent décrit comme un représentant de la droite dure. En novembre 2023, il avait d'ailleurs participé à l'écriture de la version durcie de la loi immigration. D'abord adoptée, cette nouvelle mouture du texte avait ensuite été censurée par le Conseil constitutionnel.
Quelques mois auparavant, le Vendéen avait fait parler de lui avec des propos jugés "racistes" par les partis des gauches. C'était en juillet, la France était secouée par une cascade révoltes urbaines à la suite de la mort de Nahel, tué par un agent de police, le 27 juin 2023, à Nanterre.
"Certes, ce sont des Français, mais ce sont des Français par leur identité […]. Malheureusement, pour la deuxième, la troisième génération, il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques", avait jaugé le sénateur sur FranceInfo, au sujet des jeunes participants aux émeutes. Aurélien Pradié, ancien député LR, avait aussi dénoncé des "propos idéologiquement racistes" et caractérisée cette pensée comme étant "fascisante".
Une sortie controversée, mais assumée par Bruno Retailleau. "Je ne regrette rien du tout, je n’enlève rien du tout", avait ensuite assuré le sénateur à Public Sénat.
Le portrait vidéo réalisé par France 3 en décembre 2020
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