Plusieurs heures d'attente pour trouver un médecin généraliste, des services d'urgences en tension et des bassins de population qui manquent de lits pour des soins de suite, de réadaptation, etc... Dans les Pays de la Loire, le manque de médecins est plus criant pendant les fêtes de fin d'année où les congés du personnel soignant se conjuguent avec un afflux de population pour les réunions de famille.

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Devant lui, six écrans affichent en continu le dossier médical du patient, les appels en attente, les moyens disponibles sur le département ainsi qu'une carte interactive de localisation. Romain Bossis est médecin généraliste régulateur, c'est à dire qu'il reçoit les appels qui arrivent au 116 117, et répartit les patients vers les médecins de garde.

Au bout du fil, une femme qui se plaint de douleurs et de fièvres, et qui présente depuis plusieurs jours un ganglion sur lequel les traitements ne sont pas efficaces. Elle verra un médecin rapidement, mais aura dû attendre une heure et demie au téléphone pour obtenir cette orientation.

La moitié des cabinets médicaux sont fermés par endroits

"Il y a un pic entre 9 heures et 10 heures, ce sont toutes les personnes qui n'ont pas de médecin traitant, celles dont le médecin est en congés", explique Romain Bossis qui est également vice-président de l'association départementale de la permanence des soins pour la Vendée. Sur certains secteurs, ce sont quasiment la moitié des cabinets médicaux qui sont fermés pendant les fêtes. Sans oublier les vacanciers, et les personnes qui n'ont pas de médecin traitant, environ 20% de la population sur le département. 

Une heure et demie, c'est la moyenne en ce moment pour parler au médecin régulateur, avant de décrocher si nécessaire un rendez-vous dans un cabinet médical de garde, parfois à une vingtaine de kilomètres de chez soi. "Les gens sont habitués, ils prennent leur mal en patience", résume Romain Bossis, qui reconnaît cependant une forme de colère devant cette situation : "On est une des premières puissances au monde, on avait le meilleur système de santé il y a vingt ans, et on se retrouve en mode dégradé."

Il manque 536 médecins dans les Pays de la Loire

En septembre 2023, les représentants des maires ruraux alertaient le préfet et le directeur de l'ARS sur le manque de généralistes dans certains secteurs. Selon leurs estimations, il manque 536 médecins dans les Pays de la Loire, avec des tensions plus ou moins fortes en fonction des secteurs. Plus nombreux sur la côte, les professionnels de santé manquent dans des zones rurales comme la Mayenne, au 3e rang national des départements les plus touchés par la désertification médicale.

Pendant les périodes de vacances, pour assurer la permanence des soins, l'Agence Régionale de Santé doit parfois réquisitionner des médecins de garde. Ainsi, du 30 décembre au 1er janvier, 6 réquisitions ont été demandées pour la Loire-Atlantique, 4 pour la Sarthe auprès de l'ordre des médecins et à l'agence départementale de permanence des soins.

Situation contrastée dans les services d'urgence

Côté services des urgences, la Vendée a également connu plusieurs fermetures de services depuis le début des vacances scolaires. Si le centre hospitalier d'une station balnéaire comme les Sables d'Olonne s'est organisé pour avoir des médecins titulaires les soirs de fête, les urgences ont quand même dû fermer la nuit du 22 au 23 décembre. Ce sera, à nouveau, le cas dans la nuit du 29 au 30 décembre. Au centre hospitalier de Montaigu, le service des urgences a été suspendu du 22 décembre à 20h au 24 décembre à 8h30 et les urgences de Fontenay risquent de devoir fermer dans la nuit du 1er au 2 janvier.

Dans la région, la situation demeure très contrastée. Pas de fermeture aux urgences du Mans. De même, le CHU d'Angers ne rencontre aucune difficulté particulière et la Loire-Atlantique n'a vu aucun service d'urgence contraint de fermer, même pour quelques heures. 

Cependant, s'il n'y a pas de fermeture en vue pour les urgences de Saint-Nazaire, mais le directeur du centre hospitalier sait que la saturation n'est jamais bien loin. "On a des structures autour de nous, comme la clinique mutualiste qui, par défaut de ressources médicales ou paramédicales, connaissent des difficultés", explique Julien Couvreur.

Le manque de lit dans des services comme la neurologie, les soins de suite, de réadaptation, se reporte alors sur les urgences. "Ce sont des patients qui vont avoir des séjours plus longs que la normale, en attendant qu'un lit se libère dans nos services ou chez l'un de nos partenaires". Pour le directeur du centre hospitalier de Saint-Nazaire, le problème ne se situe pas au niveau des urgences, mais au niveau de la disponibilité en lits à l'échelle du bassin.

Combler les trous jusqu'au dernier moment

Et l'agence régionale de santé témoigne de la difficulté à maintenir une continuité de service sur l'ensemble du territoire : "On travaille à combler les trous jusqu'au dernier moment. Parfois, c'est à quelques heures près que l'on arrive à garder ouvert un service d'urgence" témoigne l'une des employées. "Lorsqu'il y a une fermeture, cela concerne des créneaux horaires : quelques heures, une partie de la nuit..."

Téléphoner avant de consulter

Tous les services hospitaliers font désormais passer des messages de régulation : appeler le 15 avant de passer aux urgences. Pour les plaies telles que les blessures liées à l'ouverture des huîtres, les urgentistes peuvent guider les patients au téléphone pour réaliser un premier pansement, et retarder ainsi au lendemain une éventuelle visite aux urgences. Si la situation ne semble pas relever d'un danger vital, téléphoner d'abord au 116 117, le numéro de régulation permettant de trouver un médecin de garde. Et pour les personnes qui viennent d'autres régions, voir avec le médecin traitant si une téléconsultation pourrait être possible.

Eléonore Duplay avec Quentin Carudel et Damien Raveleau

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