Ce jeudi 2 janvier 2025, ils étaient nombreux à attendre de bon matin l'ouverture du cabinet médical du Docteur Patrick Gautheron, le médecin généraliste de Fourchambault (Nièvre). Ce dernier peut à nouveau exercer, à la suite d'une suspension d'activité d'un an qui avait été décidée par l'Ordre des Médecins.
Des patients, mais qui sont aussi des soutiens, sont venus nombreux de bon matin au cabinet médical du docteur Gautheron. Une cinquantaine de personnes se sont données rendez-vous ce jeudi 2 janvier. Certains sont là pour consulter, d'autres tout simplement pour accueillir le docteur à son cabinet.
Des patients heureux de retrouver leur docteur
Ils sont une cinquantaine à attendre de bon matin l'ouverture du cabinet médical, ils sont sur le trottoir à attendre que la porte s'ouvre. Tous patients du Docteur Gautheron, ils sont venus témoigner de leur soutien pour la reprise de l'activité du cabinet médical. Un patient nous déclare : "C'est un docteur familial, ça me fait très plaisir de son retour, on est venus pour l'aider et on est là pour lui aussi. Ici il n'y a aucun médecin, heureusement qu'il est revenu. Pendant un an c'était une vraie galère... aux urgences... On a essayé de trouver un nouveau médecin."
Un autre patient explique pourquoi il s'est rendu ce matin au cabinet : "On est des soutiens de la dernière heure quand on l'a puni, on est le soutien de la première heure lors de la réintégration. On a tellement souffert pendant un an, il y a des gens qui ont été rejetés par des nouveaux médecins."
Les patients qui reviennent aujourd'hui ont visiblement eu des difficultés à consulter un généraliste pendant la suspension du docteur, comme l'explique cette dame :"J'ai tenu à venir pour encourager notre médecin, pour l'accueillir. C'est un très bon médecin, il a toujours été là quand on était malade. Ç'a été la galère pendant un an, on est très heureux de son retour."
Une reprise d'activité, sous surveillance
Trop de consultations, des problèmes de prescriptions et de facturation, le généraliste a été épinglé pour plusieurs manquements par l'Assurance maladie et le Conseil national de l'ordre des médecins, laissant temporairement près de 5000 patients.
Aujourd'hui il peut reprendre son activité, mais il se sait surveillé.
Le Docteur Patrick Gautheron déclare : "Je suis content, je ne suis pas serein, avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, sur des contrôles statistiques diligentés par la CPAM. C'est un travail nécessaire pour la population, pas très satisfaisant sur le plan personnel parce qu'on n'a pas trouvé de solution pour pallier à ces déficiences médicales. La preuve, c'est pendant un an, tout le monde s'est jeté à droite, à gauche pour subvenir à des besoins médicaux ressentis et réels. Pour l'instant, on reprend avec une arrière-pensée de contrôle et d'intervention administrative au-dessus de la tête."
Le docteur est certes heureux de revoir ses patients mais ne cache pas son inquiétude : "Le côté humain c'est autre chose, mais il y a le côté médico-administratif qui reste planant sur les actes quotidiens."
Concernant la sanction de sa suspension d'activité pendant un an, le docteur se défend : "C'est une histoire qui traîne depuis une dizaine d'années, j'ai passé trente ans à l'hôpital, j'ai fait une double activité, hospitalière et libérale. Maintenant je ne fais plus que du libéral, mais effectivement une activité qui est hors-normes sur le plan effectif et la patientèle."
Le docteur possède en effet une patientèle de 5000 personnes, il est le seul généraliste aux alentours : "Tout cela parce que j'ai brassé un volume de patients du fait de l'activité hospitalière, qui a suivi jusqu'à ces jours. Comment les réduire ? À l'administration de choisir !"
Une période de crise gérée par l'ARS
Pendant la période de suspension de l'activité du docteur Gautheron, l'Agence Régionale de Santé a mis en place un cabinet de consultation éphémère, comme l'explique Régis Dindaud
Délégué départemental de l'ARS Bourgogne - Franche-Comté : "Il avait fallu mettre en place un dispositif d'urgence, et avec la Caisse primaire d'assurance maladie, la communauté professionnelle du territoire de santé, on a mis en place ce dispositif de cabinet éphémère. Il a fonctionné dès début février jusqu'au 31 octobre 2024, ce qui a permis d'assurer plus de 3200 consultations sur l'ensemble de la période."
Régis Dindaud ne cache pas que le "modèle" de fonctionnement du cabinet éphémère est intéressant pour une courte période : "L'expérimentation de ce cabinet éphémère était très intéressante, c'est un nouveau mode de fonctionnement. Il y avait 5 médecins qui se relayaient, avec 4 salles de consultation, avec deux infirmières libérales qui faisaient les premiers actes de consultation. Le dispositif impliquait les pharmaciens de proximité pour préparer les consultations. Cela a bien fonctionné, mais le dispositif n'avait pas vocation à perdurer. Nous avions en parallèle le centre de santé de Varennes-Vauzelles qui ouvrait et offrait un relais. Le docteur Gautheron reprend son activité, donc des solutions étaient proposées plus facilement aux patients de Fourchambault, le cabinet éphémère n'était pas dédié aux patients du Docteur Gautheron, il était ouvert plus largement."
Le docteur Gautheron a prévu de réduire ses horaires de consultation, pour ne pas s'exposer à de nouvelles sanctions.
La CPAM lui a également proposé un accompagnement, afin d'éviter que la situation ne se reproduise.
► avec Rémy Chidaine