Procès Xynthia en appel : l'audience reprend ce mercredi matin

Le procès en appel de l'ancien maire de la Faute-sur-Mer et de son ex-adjointe  à l'urbanisme pour la mort de 29 personnes en 2010 lors de la tempête Xynthia devait s'ouvrir lundi à Poitiers. Il a finalement été suspendu en raison du deuil national de trois jours décrété par François Hollande.

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L'audience s'est ouverte peu après 10 h lundi  avec l'appel des trois prévenus et des représentants des quelque 120 parties civiles, avant d'être suspendue une dizaine de minutes plus tard par la présidente de la cour d'appel de Poitiers, Michèle Martin, magistrats et avocats ayant décidé de s'associer au deuil national décrété par le président de la République après les attentats de vendredi soir.

En première instance, le 12 décembre 2014, le tribunal correctionnel des Sables d'Olonne avait lourdement condamné les deux anciens élus pour "homicides involontaires",
René Marratier, maire de La Faute-sur-Mer de 1989 à 2014 - et toujours conseiller municipal -, écopant de quatre ans ferme, et Françoise Babin, son ancienne adjointe à l'urbanisme, de deux ans ferme et de 75.000 euros d'amende.


"Ne pas entraver la manne de ce petit paradis"​

Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, la tempête Xynthia avait fait 47 morts en France, dont 29 à La Faute-sur-Mer, station balnéaire vendéenne.
Ces victimes, essentiellement des personnes âgées et des jeunes enfants, avaient péri noyées, surprises par la brusque montée des eaux dans leurs maisons de plain-pied, qui auraient dû comporter un étage en raison du risque de submersion de la digue censée protéger leurs habitations.

Pour les magistrats, les deux prévenus, élus depuis 25 ans, connaissaient parfaitement les risques d'inondation, "constamment rappelés" par les autorités, mais n'en avaient pas informé la population. Au contraire, ils avaient "intentionnellement occulté" les risques pour "ne pas entraver la manne de ce petit paradis" et poursuivre l'urbanisation en zone inondable.

"On pense qu'on a fait endosser à René Marratier un costume beaucoup trop grand pour lui, qu'on a oublié la chaîne de responsabilités qui a abouti au désastre de Xynthia, qu'on a oublié qu'il s'agissait d'une catastrophe naturelle absolument extraordinaire", a déclaré Didier Seban, l'un des avocats de l'ancien maire, qui reste "profondément affecté" par sa condamnation.

Environ 80 parties civiles ont fait le déplacement lundi jusqu'à Poitiers pour demander "la confirmation du jugement" et la reconnaissance de leur statut de victimes, a expliqué Renaud Pinoit, président de l'Avif, l'association des victimes.

Un troisième prévenu, Philippe Babin, fils de l'ex-adjointe à l'urbanisme et président de l'association gestionnaire de la digue submergée, est également rejugé après sa condamnation en première instance à 18 mois de prison ferme.
Tous trois encourent cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

Relaxé sur le plan pénal, Alain Jacobsoone, ancien directeur départemental adjoint des Territoires et de la Mer reste poursuivi sur le plan civil.
Deux sociétés de BTP locales sont également poursuivies en tant que personnes morales.

L'audience reprend ce mercredi à 09 h, avec l'examen des exceptions de procédure soulevées par les parties, dont la demande d'annulation du jugement par les avocats de René Marratier. Cet examen doit durer jusqu'à jeudi après-midi.

La deuxième semaine sera consacrée à l'audition de huit parties civiles - contre une cinquantaine en première instance - et à l'interrogatoire des prévenus, et la troisième et dernière semaine aux plaidoiries et aux réquisitions du ministère public.
Le procès doit officiellement se terminer le vendredi 4 décembre, mais pourrait prendre fin la veille au soir.

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