Les avocats des anciens élus de La Faute-sur-Mer (Vendée), rejugés en appel à Poitiers pour la mort de 29 personnes lors de la tempête Xynthia, en 2010, ont commencé à plaider mercredi la relaxe de leurs clients, "boucs émissaires" de la catastrophe, selon eux
Lourdement condamnés en première instance, René Marratier, maire pendant 25 ans de la station balnéaire vendéenne - et toujours conseiller municipal -, Françoise Babin, son ancienne adjointe à l'urbanisme, et le fils de celle-ci, Philippe Babin, sont à nouveau menacés de peines de prison ferme, après les réquisitions la veille du ministère public devant la cour d'appel de Poitiers.
L'avocat général, Thierry Phelippeau, a demandé mardi à la cour d'appel de condamner René Marratier, maire de la station balnéaire de 1989 à 2014, à quatre ans de prison, dont deux ferme, et son ancienne adjointe à l'urbanisme, Françoise Babin, à deux ans de prison, dont 15 mois ferme, et 75.000 euros d'amende, pour "homicides involontaires".
"On a jeté en pâture à l'opinion des personnes qui n'y sont pour rien", a lancé Me Christian Charrière-Bournazel, qui défend Mme Babin et son fils, contre lequel a été requis 18 mois de prison, dont neuf ferme, pour "homicides involontaires".
"Face à un dossier aussi vide, la seule décision qui peut être prise est une décision de relaxe. Il faut qu'on arrête cette chasse aux sorcières, cette politique de boucs émissaires", a exhorté François Rocheron-Oury, autre avocat des Babin.
Poursuivie pour avoir délivré des permis de construire irréguliers en zone inondable, pour des maisons qui auraient dû comporter un étage et qui se retrouvèrent endeuillées lors de Xynthia, Mme Babin n'a "fait que signer" ces permis, qui étaient "instruits et rédigés" par la Direction départementale de l'Equipement (DDE), service décentralisé de l'État, a martelé sa défense.
Ces permis faisaient référence à une hauteur minimale pour l'édification des maisons qui "n'existait pas", en raison de "carences grossières et impardonnables" des services de l'Etat, seuls responsables, selon eux, ont soutenu les avocats de Mme Babin, comme en première instance.
"Puisqu'elle n'existe pas, on ne peut pas reprocher à Mme Babin de ne pas la connaître et encore moins de l'avoir dissimulée. La responsabilité en incombe uniquement aux services de la préfectorale", mais aucun fonctionnaire n'est poursuivi, a déploré Me Rocheron-Oury, affirmant que "dans ce dossier, l'Etat préfère une injustice à un désordre".
Les avocats de M. Marratier prendront la parole dans l'après-midi.
La cour mettra ensuite sa décision en délibéré.