Ouverte en septembre 2010 vers Gijon, refermée quatre ans plus tard faute d'un trafic suffisant, l'autoroute de la mer redémarre vers Vigo en s'appuyant sur un "fond de cale" de transport pour l'industrie automobile, avec toujours l'objectif de soulager les routes de plusieurs milliers de camions
La ligne entre Saint-Nazaire et Gijon a tenu 4 ans, le temps des aides européennes et gouvernementales françaises et espagnoles. L'armateur LD Lines a jeté l'éponge faute d'un remplissage suffisant de ses navires : 70% en moyenne. Et ses concurrents opérant des lignes voisines avouent du bout des lèvres que ce trafic gagné par cette route maritime officiellement labellisée "autoroute de la mer" s'est fait à leurs dépends...
Des remorques sans tracteur ni conducteur
C'est un armateur espagnol Suardiaz établi sur la route de Vigo à Saint-Nazaire depuis 40 ans qui reprend le concept d'autoroute de la mer, et les aides financières qui l'accompagnent. Jusqu'à présent la compagnie transportait essentiellement des pièces pour l'industrie automobile contenues dans des remorques routières, et des véhicules neufs, autour du groupe PSA. En ajoutant des matériaux de constructions et quelques marchandises diverses.C'est en s'appuyant sur ce "fond de cale", que Suardiaz va développer son offre de transport "camion". Là où la précédente ligne s'adressait aux entreprises espagnoles souvent limitées à un ensemble routier, tracteur plus remorque et un conducteur, pour leur permettre de se reposer sur l'eau plutôt que d'avaler les kilomètres sur l'autoroute, la route vers Vigo va uniquement transporter des remorques sans tracteur ni conducteur.
Régions concernées : le Bénélux, le Nord-Pas-de-Calais, l'Île-d- France, la Normandie, le grand Ouest, à l'autre extrémité, le nord-ouest de l'Espagne et le Portugal. L'industrie et l'agro alimentaire intéressent la nouvelle autoroute de la mer. L'objectif est pour l'instant de rapidement compléter les 3 rotations hebdomadaires et d'ajouter rapidement une 4ème escale.
Des milliers de camions en moins sur la route
Deux navires jumeaux de 142 mètres de longueur et d'une centaine "d'équivalent" remorques sont affectés à la ligne. Construits en 2001 et 2002, les Suar Vigo et Bouzas vont faire les 898 km de la route maritime en 27 heures là ou il faut 24 heures pour faire les 1400 km de la voie terrestre.Objectif, retirer de l'axe région parisienne Hendaye plusieurs dizaines de milliers de camions chaque année, et au passage éviter le rejet de plusieurs milliers de tonnes de CO2 dans l'atmosphère...
Reportage de Christophe Turgis, Frédéric Grunchec et Christophe François