En Vendée et sur toute la côte des Pays de la Loire, ce dimanche, c’était la dernière sortie pour une partie des pêcheurs. En cause : cette interdiction de pêche pendant un mois, afin de protéger les dauphins victimes des filets. De quoi attrister la profession, contrainte de rester à quai durant quatre longues semaines.
Du 22 janvier au 20 février 2024, plusieurs centaines de bateaux français, habitués à aller pêcher dans le golfe de Gascogne, vont devoir rester à quai, dans leur port d'attache.
C'est la conséquence de l'interdiction de pêche partielle imposée par l'État pour limiter les captures accidentelles de dauphins.
Sont concernés, les bateaux équipés de certains filets de pêche comme le chalut pélagique.
"Les jeunes, ça les fait pas rire !"
Aux Sables d'Olonne, on va devoir s'adapter et même s'il y a des compensations prévues pour dédommager les marins pêcheurs (à hauteur de 85 % de leur chiffre d'affaires), le compte n'y est pas et on préfère vivre de son travail plutôt que d'aides publiques.
"Ça arrive qu'on en pêche des dauphins, on ne va pas dire de mensonges, mais ça ne nous amuse pas" explique Laurent Juaud qui rentrait ce dimanche de sa dernière pêche au merlu avant un mois. Il dit en voir partout des dauphins et ne croit pas que l'espèce soit en voie d'extinction. Il en veut à l'association Sea Shepherd qui milite pour la sauvegarde des dauphins, entre autres.
"Moi, j'arrive à la retraite, c'est un peu moins grave, reconnait Laurent, mais un qui a son bateau à payer, les jeunes, eux, ça les fait pas rire !"
Une mesure incomprise
"Nous, le premier trimestre, c'est un trimestre qu'il ne faut surtout pas rater, souligne Willy Porchier, un pêcheur spécialisé dans la sole et qui ne pourra sortir pendant quatre semaines. On fait la trésorerie pour le restant de l'année, de janvier à fin mars. Si on ne fait pas cette trésorerie, qu'on arrive à lisser sur l'année, les petits fileyeurs comme nous, c'est très compliqué."
Même si, dit-il, le temps n'a pas été de la partie, Vincent Galland, a essayé lui aussi de remplir ses cales avant cet arrêt obligatoire. Lui non plus ne comprend pas cette mesure. Comme ses collègues, il estime avoir fait tout le nécessaire pour éviter ces pêches accidentelles de dauphins. Notamment en équipant son bateau de répulsifs acoustiques. Il estime que l'État s'est laissé dicter cette mesure par des ONG.
Comme pour Laurent Juaud, Vincent pense d'abord aux jeunes. Pour lui, à 51 ans, sa carrière est faite, dit-il. Il y a une indemnisation, oui, mais ce n'est pas le but, déclare-t-il.
"Ce n'est pas ce qu'on recherche, dit Vincent. Nous, on voudrait y aller, profiter de ce qu'on pêche. Stopper les bateaux et être indemnisé, ce n'est pas une bonne politique."
Dans la crainte d'une mesure plus coercitive encore
Même si les pêcheurs n'auront pas le droit non plus de faire des travaux sur leur bateau pendant ce mois d'arrêt, Vincent avoue qu'il faudra bien faire quelques interventions de maintenance.
"Le fait qu'on ne puisse pas travailler pendant un mois, ni sur le bateau ni à quai, c'est un peu compliqué aussi", avoue ce marin pêcheur qui réclame un peu d'indulgence.
Ce qui inquiète encore plus la profession, c'est le scénario envisagé d’une interdiction l’an prochain de trois mois entre janvier et mars, plus un mois supplémentaire en août. Une période clé pour la pêche à la sole.
Olivier Quentin avec Quentin Carudel.
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