Vendée Globe : l'hypothétique musée dédié à l'Everest des mers

En décembre dernier, un passionné publiait une lettre ouverte pour demander la création d'un musée du Vendée Globe, qui rachèterait les bateaux des vainqueurs, parfois laissés à l'abandon dans les ports français et étrangers.

Une vieille idée qui ressurgit régulièrement : comment capitaliser sur l'immense succès populaire du Vendée Globe ?

La course n'a lieu qu'une fois tous les 4 ans. Mais, entre deux éditions, un passionné aimerait que d'autres passionnés comme lui puissent admirer les anciens bateaux qui finissent souvent à l'abandon.
 

L'ancien Roxy occis

Il a gagné deux Vendée Globe, en a disputé 3. A Brest, ce bateau de légende n'est plus qu'une gloire qui gît, abandonnée depuis 8 ans, la coque trouée, la voile pourrie et la carène ravagée par les algues. 

Le choc est rude. C'est sur cet Imoca que la navigatrice Anne Liardet a disputé transat Jacques Vabre et Route du Rhum. il y a 15 ans.

"Je suis écoeurée, c'était un bateau super, un bateau sûr, vachement marin, se souvient-elle,  et puis avec Miranda (Merron) on s'est éclatées sur la transat Jacques Vabre".

Pourquoi ils ne le vendent pas, pourquoi ils ne l'ont pas vendu alors qu'ils n'en font rien, je ne comprends pas

Anne Liardet, navigatrice

A Cherbourg, c'est l'ancien Géodis, vainqueur du Vendée Globe en 1997, qui moisit tranquillement. Arrivé là après une avarie, il est abandonné depuis 16 ans.

C'est en le découvrant ainsi, lors d'une visite en Normandie, que Bastien Migault, un journaliste passionné de voile, a décidé de relancer une vieille idée. 

Depuis son village du Morvan,  il lance, en décembre dernier, l'appel à création d'un musée, dédié au Vendée Globe.

"Une course en solitaire, sans escale, sans assistance, passant par les trois caps que sont Bonne Espérance, le Cap Leuuwin et le Cap Horn, c'est une course mythique et des bateaux qui sont tout aussi mythiques, dit Bastien Migault, pour moi il est important de les sauver, ça fait partie du patrimoine nautique français, au même titre que les Pen Duick d'Eric Tabarly".

Sur les réseaux sociaux, sa lettre ouverte a fait le tour  du monde nautique.
Jusqu'à Vincent Riou, vainqueur en 2005, qui découvrait ici les photos de l'ancien PRB, toujours en rade à Brest.


PRB en rade

"C'est pas très très joli, maintenant il faut voir, c'est toujours pareil. Ces bateaux-là on peut vite avoir des surprises, dans tous les sens, explique Vincent Riou, en découvrant les photos de l'ancien PRB, mais c'est vrai que c'est un bateau que je connais bien parce que j'ai participé à sa construction en 1999-2000 et après j'ai navigué pendant trois ans à bord".

"C'est un bateau avec lequel j'ai beaucoup de souvenirs, surtout que c'était le premier "grand bateau" sur lequel j'ai eu la chance de naviguer comme de travailler,
poursuit le skipper, mais on voit qu'il est cassé à certains endroits" raconte Vincent Riou.

Alors, un musée flottant pourrait-il, vraiment, sauver le navire ? L'idée lui semble réaliste.

"Il y a des exemples dans le monde, poursuit Vincent Riou, du côté de Newport aux Etats-Unis, il doit encore y avoir des 12 mètres JI qui naviguent. A Auckland, il y a aussi des anciens Classe America qui naviguaient, c'est quelque chose qui s'est déjà fait.

C'est aussi une bonne solution pour faire partager à un plus grand nombre de gens la magie de ces bateaux, l'émotion qu'il peut y avoir à naviguer sur ces grosses machines

Vincent Riou

"Ça aurait de la gueule"

Dans son bureau près du port de Lorient, Alain Gautier, vainqueur du Vendée Globe en 1993, a tout gardé, du trophée aux affiches.

Pour lui aussi, l'idée de racheter les anciens Imoca ne paraît pas si folle.

"Ça tient la route, on a eu des discussions avec la SAEM Vendée à une époque pour s'occuper d'un Imoca qui ferait naviguer du public. Ça n'aurait pas été un vainqueur du Vendée Globe mais ça aurait été un Imoca qui aurait permis au public de sentir comment ça se passait sur un bateau en mer."

Aux Sables d'Olonne, ça aurait de la gueule, bien sûr

Alain Gautier

Les plans existent. En 1993, Didier Planson, un employé municipal participant  à l'organisation des premiers Vendée Globe, y avait investi, de sa poche, plus de 80 000 euros pour l'ébauche d'un projet.

"L'idée qu'on avait c'était de raconter pourquoi les gens partent en mer, en course ou pas en course. Comment ça se passe à bord, comment ils vivent cette aventure et pourquoi un tour du monde et pas uniquement une traversée de l'Atlantique ou de la Mediterranée".

Objectif, habiller les pontons des Sables d 'Olonne. Car, une fois démontés tous les décors, rien ne rappelle vraiment le Vendée Globe.

S'il y a peut-être ici la place de construire un musée, encore faut-il savoir le financer. Trop cher pour la société qui gère le Vendée Globe.

"Un musée, c'est 25 à 30 millions d'euros, explique Yves Auvinet, président de la SAEM Vendée et du conseil départemental de Vendée, et un renouvellement chaque année, il faut compter au moins 500 000 euros par an, et s'il y a une réactualisation de la scénograpghe, même partielle, c'est un billet de 3,5 millions- 4 millions tous les 4 ou 5 ans".

Avis aux audacieux, et aux investisseurs. 
En attendant, pour les 4 ans qui viennent, le Vendée Globe appartient aux rêveurs et autres amoureux de l'aventure en mer. 
 

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