Héros du dernier Vendée Globe, Jean Le Cam, et son acolyte Eric Bellion se sont lancés dans un projet appelé CommeUnSeulHomme. Il s'agit de construire une flotte de bateaux qui ne volent pas mais qui carburent à coûts réduits, et aux mains d'une équipe de coureurs au large.
"Avec Eric (Bellion), on a la même philosophie des choses. On a conçu ce bateau dans l'idée de faire un bateau qui soit plus accessible que ceux à foils aujourd'hui, avec un modèle économique différent. Faire un bateau le plus simple possible et le plus efficace possible. On est plus dans l'ouverture et le partage, plutôt que de faire quelque chose de caché dans son coin", explique à l'AFP Jean Le Cam.
Outre le sauvetage héroïque du skipper naufragé Kevin Escoffier, Le Cam avait fait sensation lors du Vendée Globe 2020/2021 en rivalisant à bord de son vieux bateau à dérive avec les voiliers dernière génération, capables de voler grâce à leurs foils (appendices latéraux).
Le marin de 62 ans au petit budget a terminé 4e de la course autour du monde en solitaire sans escale, c'était son 5ème Vendée Globe.
A peine pied posé à terre avait-il lancé qu'il était possible de se lancer dans l'aventure du Vendée Globe avec des bateaux neufs à prix plus accessibles, donc sans foils, une technologie coûteuse et qui n'est pas la clé du succès selon lui.
Aventure collective
Il a vite été rejoint sur ce chemin par Eric Bellion, 9e du Vendée Globe 2016/2017, qui avait pourtant juré de ne plus revivre un tel périple et qui, tout comme Jean Le Cam, rempile pour 2024.
Le duo s'est attelé à créer une équipe de navigateurs. Leur but est de faire construire un bateau qui sera décliné dans un maximum de quatre exemplaires, tous sur le même modèle. L'équipe de skippers partagera l'expérience, les entraînements, les locaux, le retour d'information collectées lors des navigations, mais aussi les partenaires.
Ce nouveau jouet flottant est déjà en cours de construction dans les chantiers Persico en Italie, tous les chantiers en France étant déjà pleins.
"Ca fait 20 ans qu'on fait la promotion de l'aventure collective. Quand je suis arrivé dans la course au large, j'avais été frappé par le manque d'aide, personne ne s'invite à aller voir les bateaux des uns des autres. Nous, on veut des skippers, hommes et femmes, qui partagent tout en vrai collectif et qui sont des compétiteurs pendant les courses", souligne à l'Agence France Presse Bellion, qui entend aussi assurer la pérennité du projet, grâce à cette "écurie" qu'il n'avait vue que sur le Vendée
Globe. "Si l'un démâte, les autres continuent", argue-t-il.
Pas au rabais
A ce jour, un premier bateau est en cours de construction, celui de Bellion, il doit être mis à l'eau au printemps 2023. Le Cam attend un troisième partenaire financier pour débuter son projet (son bateau portera le nom de Yes We Cam).
Martin Le Pape, un habitué de la classe Figaro, a rejoint le collectif.
"A la base je voulais faire comme certains grands, François Gabart, Charlie Dalin: trouver un super sponsor, un super foiler et gagner le Vendée Globe. Mais ça ne se passe pas vraiment comme ça, la concurrence est ultra rude sur la recherche de sponsors et j'ai été confronté à la problématique des coûts", raconte à l'Agence France Presse Martin Le Pape, qui a pris contact avec Bellion.
"Ce n'est pas forcément mon projet 1, mais c'est mon projet 1 bis et pas un projet au rabais. On a tout mis en commun, mes sponsors, mes pistes, on ne forme plus qu'un. On a une transparence totale, on se réunit de manière hebdomadaire. On a
commencé notre travail d'équipe, j'ai déjà navigué avec Eric et Jean", poursuit le marin de 33 ans, qui espère avoir son bateau en juillet 2023.
Le voilier du projet CommeUnSeulHomme est une oeuvre de l'architecte naval David Raison, recruté pour ce qui est devenu sa marque de fabrique, les fameuses carènes de type scow (avant spatulé), la nouvelle tendance.