Après plus de 60 jours de course, Damien Seguin est à la troisième place du Vendée Globe ce lundi soir. C'est du jamais vu pour un skipper porteur d’un handicap, surtout pour sa première participation. Une performance saluée par son ami Chris Ballois, kite-surfeur handisport.
Premier marin handisport du Vendée Globe, le premier à passer le Cap Horn dans la compétition, Damien Seguin repousse ses limites. Une belle victoire, déjà dans une course pleine d’émotion, en particulier le 4 janvier dernier : « Nous y voilà les amis, mon premier Cap Horn ! s’exclame le skipper. Un truc de fou quoi. Premier Cap Horn, quatrième du Vendée Globe, j’en reviens à peine. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps tout à l’heure. Tellement d’efforts pour en arriver là ! »
Une victoire avant l’heure
Son ami Chris Ballois, recordman du monde de vitesse sur l’eau en 2018, est aussi admiratif de ce qu’a pu accomplir le skipper. Présentant le même handicap avec une main en moins, le kite surfeur a lui aussi déjoué les pronostics en battant le record des valides.
« Y’a deux performances en une, souligne avec émotion Chris Ballois devant la performance de son ami. Le fait d’avoir été au Vendée Globe, d’avoir pris le départ de la course déjà, et derrière être quatrième au Cap Horn. C’est incroyable ! »
Par téléphone, le skipper ne cache pas son émotion à son ami Chris Ballois : « C’est moi qui suis en train de rêver ! Avec le bateau que j’ai, avec le manque d’expérience que j’ai sur des courses comme ça, c’est un truc de dingue […]. Je ne sais pas comment ça se terminera, en tout cas on pourra pas m’enlever ce que j’ai fait jusqu’à présent ! »
Un handicap « donne une longueur d’avance »
Pour le kite surfeur, le handicap peut devenir une vraie force. « Au quotidien, y’a plein de moment où on a besoin des deux mains : ouvrir une serrure, prendre deux choses à la fois… Donc on est tout le temps dans l’anticipation des problématiques. Et sur la préparation d’un Vendée Globe, comme sur la préparation d’un record du monde, n’importe quel athlète va être obligé d’anticiper tout ce qui peut tomber sur la figure, constate Chris Ballois. Le fait d’avoir ce mécanisme de fonctionnement, développé par notre pathologie, on va utiliser ce même mécanisme pour anticiper des problématiques comme une course ou un record. Ça nous donne clairement une longueur d’avance. »
La belle performance de son ami Damien Seguin au Vendée Globe montre bien que le handicap apprend à repousser ses limites, tout en développant les facultés d’adaptation.
Quand Seguin arrivera aux Sables, le Ballois a promis de venir l’escorter, avec son kite.