Le collectif des victimes de violences sexuelles dans l'Eglise en Vendée a rencontré l'évêque de Luçon pour évoquer les suites du rapport Sauvé. Ils sont à la fois déçus par les réactions de l'institution dans son ensemble et ont également tenu à saluer 'l'exemplarité" de l'évêque vendéen.
La réunion s'est déroulée à la maison du Diocèse à La Roche sur Yon en présence de l'évêque de Luçon, Monseigneur François Jacolin.
Quatre membres du collectif des victimes de violences sexuelles dans l'Eglise de Vendée étaient présents lors de cette réunion qu'ils ont sollicité.
Dont le fondateur du collectif Jean-Pierre Sautreau, auteur de l'ouvrage "Criez pour nous" (2021, La Geste) qui a révélé le scandale du Petit-Séminaire de Chavagnes-en Paillers en Vendée.
A la suite de la publication le 6 octobre 2021 du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Église le collectif vendéen s'est réuni pour décider quelle position adopter.
C'est le fruit de leurs réflexions que le collectif voulait partager avec l'évêque de Luçon.
La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase), présidée par Jean-Marc Sauvé, a estimé à 216.000 le nombre de mineurs victimes d'un prêtre ou d'un religieux en France depuis les années 1950. Et à 330.000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs en lien avec les institutions de l'Église.
"La première chose qu'on voulait c'est donner un coup de chapeau à ce rapport" explique Jean-Pierre Sautreau, "a contrario on a été très déçu de la réaction de l'institution avec la conférence des évêques de France"
"On aurait aimé entendre qu'à la suite de ce rapport l'Eglise de France reconnaissait sa responsabilité dans ce scandale" regrette le président du Collectif des victimes de violences sexuelles dans l'Eglise de Vendée.
Dans un communiqué diffusé mardi 26 octobre le collectif dénonce "la lenteur consternante" des évêques de France à réagir au rapport Sauvé.
Les membres du collectif expriment "leur vive déception et leur désarroi face à l'absence de réponses concrètes et d'empathie véritable, au-delà de la langue de bois de la plupart des évêques de France".
Le collectif des victimes de Vendée regrette que la Conférence des évêques de France (CEF) tarde à "prendre toute la mesure de l'ampleur dramatique et des conséquences des abus sexuels commis dans les diocèses de France", à l'exception "notable" du diocèse de Luçon, en Vendée.
Les victimes saluent "la spécificité exemplaire de l'évêque de ce diocèse vendéen dans le domaine de l'écoute, de la compréhension et de la reconnaissance de la souffrance des nombreuses personnes victimes de prêtres, religieux ou laïcs catholiques dans son diocèse".
En octobre 2020, l'évêque de Luçon, Mgr François Jacolin, avait organisé un acte de repentance public en présence du collectif de victimes dans l'amphithéâtre d'un lycée de la Roche-sur-Yon.
Puis, le 14 mars 2021, il avait dévoilé une plaque commémorative dans la cathédrale de Luçon et présidé une célébration de repentance.
Monseigneur François Jacolin, évêque de Luçon explique que "le rapport de la CIASE fait que de nouvelles victimes se sont manifestées".
"La semaine dernière j'en ai reçu deux. J'en reçois encore deux autres à la fin de la semaine" détaille François Jacolin.
"Le premier devoir est d'entrer en écoute et de les aider à exprimer tout ce qu'ils ont vécu" termine-t-il.
Ma responsabilité est entièrement engagée dans ces abominations qui ont été faites au sein de l'Eglise et je dois être avant tout proche des victimes autant que possible
Le collectif de victimes vendéen entend désormais "agir fermement" pour "une mise en oeuvre efficace et rapide" des 45 recommandations de la Commission indépendante des abus sexuels dans l'Église, "en particulier dans le domaine sensible des réparations et des indemnisations".
A ce sujet l'évêque de Luçon préconise "qu'on se serve d'une grande partie du patrimoine accumulé par l'Eglise et les diocèses pour participer à cette justice réparatrice".
La Conférence des évêques de France doit tenir son assemblée plénière à Lourdes du 2 au 8 novembre prochain.
L'homme d'église vendéen y participera comme chaque responsable de son diocèse.
Il espère "qu'on en sortira avec des décisions claires, fermes et qui seront appliquées dès que possible", conclut Monseigneur Jacolin.