N'allez pas croire que les concepteurs de "Route 64, les échecs hors des cases" se sont inspirés du succès international de la série "Le jeu de la dame" sur Netflix. Leur coup, ils l'ont élaboré il y a plus de 18 mois. Avec ce magazine, ils mettent mat une certaine idée des Echecs.
Deux petits messieurs en costume gris, dans l'arrière salle enfumée d'un café à la déco hors d'âge.
Deux vieux penchés au-dessus d'un plateau couvert de pièces de jeux, qui se tapent une sieste à bon compte en faisant semblant de réfléchir...allez, avouez...quand on vous parle d'échecs, n'est-ce pas cette image ou une autre, approchante, qui vous vient immédiatement en tête ?
Sachez qu'il va vous falloir revoir vos classiques et brûler vos clichés !
"Les échecs ont beau exister depuis plus de 1500 ans, ils ont toujours évolué avec les nouvelles technologies. En 1848, en Angleterre, des joueurs disputaient une première parties par (le tout jeune) téléphone. Aujourd'hui, certains échangent leurs coups sur twitter et je ne vous parle pas des tournois qui se déroulent sur Twitch (NDLR: l'une des plateformes en ligne les plus prisées des moins de 20 ans) . Les échecs sont ultra-modernes et ne collent pas du tout à l'image qu'ils continuent de véhiculer!"
Celui-qui s'exprime ainsi, c'est Fabrice Hodecent, l'un des trois concepteurs de "Route 64, Les échecs hors les cases", un nouveau magazine papier consacré justement aux échecs et qui a pour ambition de s'adresser aux joueurs comme aux béotiens.
La tour, le cavalier et le roi...trois fous en fait
Ils sont trois à former l'équipe de cette nouvelle publication, 130 pages, à la typographie soignée et élégante. Un peu dingue de se lancer dans une telle entreprise, quand on connaît la situation de la presse papier...mais bon, que voulez-vous, ce sont des passionnés.
Fabrice donc, journaliste tout-terrain, intervenant aussi en qualité d'éducateur aux médias.
Jérôme Houdin, consultant, "capable de citer la partie 148 qui opposa en 1982 un joueur slovène à un obscur amateur luxembourgeois... l'encyclopédie sur pattes, un véritable passionné " dixit Fabrice. Et enfin, Gérald Gontier, ingénieur, développeur de sérious games en entreprise, qui s'est investi dans le projet pour le défi qu'il représentait, plus que pour le jeu en lui-même.
À eux trois, ces quinquas aiment à dire qu'ils ont fondé non pas une start-up mais une "old-up". Depuis des années Fabrice et Jérôme (qui lorsqu'ils se sont connus disputaient des parties par sms quand ils s'ennuyaient en réunion !) caressaient le rêve de créer un magazine qui leur ressemble, autour de leur passion commune.
"En fait, en France, on ne trouve qu'une revue très technique, un mensuel qui existe depuis 40 ans, qui ne s'adresse qu'aux connaisseurs. 90% des publications (livres, magazines) est en anglais, jamais traduites en fançais...on s'est dit qu'il y avait peut-être quelque chose à faire. Avec Jérôme, on s'est très vite accordés sur une ligne éditoriale qui serait de raconter des histoires autour des échecs. Pas de diagrammes, pas de techniques, pas de jargon. On s'intéresse aux humains"
On l'aura compris, les échecs sont une porte d'entrée pour voyager et déambuler dans un monde méconnu...hors des cases.
Le monde sur un plateau
C'est simple, dans les échecs, il y a toute l'histoire de l'humanité. La défense, la stratégie, la peur, la prise en compte de l'autre, la gestion de ses émotions. Et c'est bien parce que c'est universel que la série "Le jeu de la dame" a cartonné partout dans le monde. Le jeu révèle Beth (l'héroine) à elle-même. Une partie te renvoie à toi-même. À tes failles, à tes faiblesses, à ton inattention. Car aux échecs il n'y a pas de hasard ou de chance qui tienne, aucun élément extérieur au joueur ne pourra justifier qu'il perde !
Si l'on en croit Fabrice, tout un monde est à explorer, qu'ils entendent bien faire découvrir au lecteur. Paraîtrait même que la poésie et la sensualité font partie du jeu...si,si.
On en veut pour preuve le joli portrait de cet artisan, (p.75), le seul en France, qui façonne des pièces en verre, tout en délicatesse.
"C'est un univers infini...comme ce jeu. Songez qu'on ne connaît toujours pas le nombre de parties possibles avec ces 64 cases et ces 32 pièces".
En plus, en vrac
- La fédération d'échecs française compte 55 000 licenciés
- On estime que 6 millions de français savent "bouger des pièces" (suite généralement à une initiation en milieu scolaire)
- 70% des joueurs ont moins de 20 ans
- Dans ce numéro, vous trouverez le portrait du surprenant Maxime Lagarde, GMI (grand maître international). À seulement 26 ans, ce nantais dompte aussi bien la manette de la playstation que ses pièces.
- Ce premier numéro a coûté 10 000 euros à ses initiateurs. Et des centaines d'heures de travail bénévole pour ces mousquetaires vendéens des échecs.
- Pour savoir comment se procurer cette nouvelle revue, vendue uniquement sur abonnement, une seule adresse: route-64-lemag.fr