Ils sont trentenaires, vendéens, ont été biberonnés aux Lego, Meccano et autres Playmobil... Mais, devenus parents, ils ont eu envie de sortir du tout plastique et de permettre à leurs enfants de jouer avec des matières moins polluantes et énergivores... C'est comme ça qu'ils ont créé Kojo !
Ils se sont connus au lycée, à la Roche-sur-Yon. Ont eu des enfants à peu près en même temps. Leur projet, comme beaucoup d'autres, est né d'une anecdote partagée entre jeunes parents.
L'un d'eux, Jimmy, raconte que sa fille s'est entichée de petites pinces faites maison, des connecteurs imprimés en 3D, conçus pour assembler un château de cartes de visites, à l'occasion d'un salon professionnel.
De fil en aiguille, Morgan, Charlotte et Jimmy constatent que les chambres de leurs enfants comme celles de leurs copains croulent sous les objets en plastique. Pour la plupart, importés d'Asie.
Ils imaginent alors mettre au point un jeu de construction en bois, avec des plaques assez universelles pour pouvoir être assemblées au gré de l'imagination de l'enfant et faciles à manipuler.
"Nous étions partis sur l'idée d'éléments modulables qui permettraient de fabriquer des robots, des avions, des animaux..." explique Morgan Sotter, le communiquant du trio.
Seulement voilà, leurs cobayes d'enfants, les leurs, ceux des amis, en décident autrement. Visiblement, eux, ce qui les intéresse, c'est de monter des architectures.
"On s'est emparé de ce que l'on voyait et on s'est lancé... Mais on voulait sortir des clichés, le fameux château de princesse ou la caserne de pompiers. On a souhaité aller vers des décors non genrés, des architecteurs du monde".
C'est ainsi que sont nés les premiers éléments de la gamme Kojo (la fabrique en japonais). Des maisons flamandes, un palais oriental… De quoi voyager depuis le coin jeux du salon !
Un atout, le made in France
Des décors exotiques certes, mais élaborés dans l’Ouest, dans des matières « écoresponsables » utilisant du bois labellisé PEFC et des bioplastiques.
Reste que de l'idée à la concrétisation, le parcours n'a pas grand-chose à voir avec un jeu d'enfant (oui je sais, je cède à la facilité !)
Mais Jimmy, Morgan et Charlotte avec leur projet dans l'air du temps, écolo, simple, "essentiel" comme dirait l'autre, et relocalisé, séduisent des parrains économiques.
La Région, la French Tech (un réseau de start-ups françaises), soutiennent financièrement les trois inventeurs vendéens. Ils réunissent suffisamment d'argent pour que le projet, à la base "bricolé", prenne de l'ampleur.
Il leur aura fallu deux ans pour mettre au point les prototypes, les faire tester, rassembler des sous pour mettre en place un business plan.
Dernière pièce du puzzle : faire connaître leur Kojo. Pour cela ils ont lancé une campagne de financement participatif. Carton plein, en quelques jours. Ils ont réalisé une centaine de préventes, et ainsi pu mettre leurs premières unités en construction.
À l’avenir, des architectures à hauteur d’enfant
Les premiers jeux seront livrés à la fin juin, mais l’équipe de Kojo ne compte pas en rester là.
"Grâce à cette campagne de crowdfunding, nous avons été repérés par des distributeurs, cela nous a donné une réelle visibilité. Mais on s’est aussi aperçus que les marges des distributeurs, environ 30%, nous obligeraient à vendre les jeux plus chers. Du coup, on a décidé de les vendre nous-même depuis notre site !"
Et puis, de nouveaux « univers » sont en préparation : des maisons asiatiques, une extension du décor flamand, pourquoi pas un château médiéval…
"Notre objectif à terme c’est d’en vivre, explique Morgan, on a encore plein d’idées. Là on planche sur un nouveau prototype, une cabane à assembler, grandeur nature."
Un projet qui cette fois pourrait séduire au-delà des familles et permettre de conquérir de nouveaux marchés, ceux des écoles et des ludothèques par exemple.