Seule l'attente d'un avis demandé au Conseil d'État protège temporairement certains habitants d'une expropriation. D'autres ont reçu un courrier du préfet leur demandant de quitter leur logement avant la fin du mois de mars.
La pointe de l'Aiguillon pourrait bientôt perdre ses derniers habitants. Depuis la tempête Xynthia de 2010, l'État négocie le départ de la population de cette bande de terre du sud de la Vendée, qui se situe en zone de danger critique en cas de nouvelle tempête du même ordre.
238 biens étaient concernés sur la commune de L'Aiguillon-sur-Mer - 603 sur celle de la Faute-sur-Mer, située en première ligne lors de la tempête. À L'Aiguillon, "103 propriétés non acquises par la procédure amiable" sont sujettes à expropriation à L'Aiguillon, selon un courrier de la préfecture envoyée à Marie-Christine Baffoux-Kays, présidente de l'association s'opposant aux évacuations.
Les recours des habitants, déposés notamment devant le tribunal administratif de Nantes, n'ont pas aboutis : les expropriations ont été considérées d'utilité publique. Et devraient êtres menées dans les prochaines semaines pour plusieurs habitations. Seule une dizaine d'entres elles, dont les habitants sont à l'origine de pourvois en cassation formulés devant le Conseil d'état, sont dans l'attente de cette décision avant toute possibilité de départ.
Reportage de Madjid Khiat et François Bobet, avec comme interlocuteurs :
- Daniel Boucher, résident de l’Aiguillon-sur-Mer
- Marie-Christine Kays, présidente de l'Aarpa (association des résidents)
"Je mesure pleinement les difficultés que les procédures d'expropriation en cours représentent pour les propriétaires qu'elles concernent. Toutefois, elles sont mises en oeuvre afin de les protéger d'un éventuel nouveau désastre. Il m'importe donc de les faire aboutir, tout en veillant à rester respectueux du droit", poursuit le préfet Benoît Brocart dans son courrier adressé à l'Association amicale des résidents de la Pointe de L'Aiguillon-sur-Mer (Aarpa), le 11 décembre 2017.
Pour les habitants non concernés par la décision du conseil d'état, d'autres courriers sont arrivés pendant le mois de février. Des lettres annonçant la consignation des indemnités prévues pour les expropriations : la préfecture a bloqué les sommes au niveau de la Caisse des dépôts, et n'attend que le départ des habitants pour effectuer le versement.
Envoyé le 23 février, ce courrier évoque un délai d'un mois avant une possible expulsion. Des lettres semblables auraient été envoyées à plusieurs habitants de la pointe de l'Aiguillon. De premiers départs pourraient donc arriver avant la fin du mois de mars.