Voici la carrière de la Botte, au cœur d’un massif appelé « la petite Suisse picarde ». Ses galeries ont été creusées par des mineurs allemands, pour alimenter la première ligne en toute sécurité.
Les soldats se sont aussi frayés un chemin dans la roche, jusqu’à 40 mètres de profondeur pour surprendre les Français. Des efforts considérables pour un résultat quasi nul. Pas de grandes offensives ici, mais une guérilla quotidienne, avec son lot de morts et de blessés.
Les mineurs allemands viennent de la Ruhr. Ils creusent un réseau à coups d’explosif sur trois niveaux et égalisent les parois à coups de pioche. La terre et la pierre sont évacuées par wagonnets avec des roues recouvertes de caoutchouc pour éviter le bruit. La discrétion étant de mise, les hommes n’ont pas le droit de parler à voix haute.
Les galeries débouchent dans des tranchées dangereuses où les tireurs d’élite français guettent leur cible. Les soldats allemands s’ennuient aussi, ils boivent. L’un d’entre eux raconte comment, lassés du vin et du champagne, ils ont vidé le tonneau de bière de leur major et pour dissimuler leur larcin, l’un d’entre eux a tiré dans la barrique.
Septembre 1916, les Allemands creusent une mine, à 40 mètres de profondeur en direction de la position française. Le tunnel est percé avec une foreuse électrique, et les déblais sont emportés par voie ferrée. Projet sans suite, les Allemands opèrent un retrait stratégique, et abandonnent la carrière en mars 1917.