« A moi marraine, je meurs d’ennui ». « Désire marraine, peu importe âge et beauté ». Ces petites annonces glanées dans la presse d’autrefois montrent la solitude du soldat, et ses arrière-pensées. La marraine de guerre était une figure adorée des tranchées.
« Vite, une marraine jeune, jolie … joindre photo … discrétion absolue … » Ces petites annonces glanées dans la presse d’autrefois montrent la solitude du soldat, et ses arrière-pensées. L'idée de la marraine, tant chérie des tranchées, est née en 1915 avec la bénédiction des ligues de vertu. Mais les hommes sont des hommes. Et la suite s’est gâtée.
La marraine, compagne épistolaire
La carte postale tirée des collections du musée de la grande guerre, est angélique. C’est bien l’esprit des débuts. La famille du soldat, première œuvre du genre, veut offrir une compagnie épistolaire aux combattants originaires du nord et de l’est.Leurs proches se trouvent en territoire occupé, et ils sont souvent sans nouvelle. Une fiction d’époque raconte comment une marraine réunit un Poilu, sa femme et sa fille enfin rapatriées. La famille du soldat comptera 25 000 filleuls à son apogée.
Sources d'archives : Musée de la Grande Guerre de Meaux - Gallica BNF - Pathé Gaumont
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©France 3
Des petites annonces peu ambigües
Les premières marraines sont soutenues par la presse. L’Echo de Paris ou la Croix lancent leurs propres œuvres. Mais d’autres journaux flairent l’aubaine. Fantasio et la Vie parisienne ouvrent leurs colonnes à des petites annonces peu ambigües, dessins suggestifs à l’appui.Les moralistes se déchaînent et le contre-espionnage s’en mêle.
Et si les Allemands glissaient des agents secrets parmi les marraines ? Les graphologues de l’armée traquent les traîtresses.
Des petits malins, il y en a aussi parmi les filleuls. Certains collectionnent les marraines. Ils revendent leurs colis à leurs camarades moins débrouillards. Des officiers enchaînent les aventures, les aviateurs sont très prisés. Compagnie trop précieuse, les marraines ne seront jamais interdites.