Les Poitevins de "Nuit Debout"

Ils sont une soixantaine et espèrent pouvoir tenir la place d'Armes à Poitiers. Un petit groupe de militants se prépare à passer la nuit de ce samedi dehors, une Nuit Debout. Ce serait la première dans la Vienne et un test pour la suite du mouvement. Rencontre avec deux membres du collectif.

Il reste beaucoup à faire et le temps presse avant la "Nuit Debout" prévue ce samedi. Depuis ce mardi, une petite soixantaine de personnes se réunit chaque soir place du Marché à Poitiers. 

Ce jeudi, les participants à l'assemblée générale ont décidé de mettre un peu d'ordre dans leur organisation naissante. Elodie, 23 ans, est en charge de la création d'un groupe Facebook. "Il faut absolument que je trouve du wifi ! Je vais essayer de m'en occuper avant d'aller en soirée", sourit la jeune femme qui enchaîne les réunions et les sorties depuis trois jours. "On ne finira pas à 6 heures du matin cette fois", prévient Solène, 20 ans, qui l'accompagne.

Pour elles, les réseaux sociaux offrent l'opportunité de relayer les demandes du collectif. Les besoins sont nombreux pour réussir le rassemblement : des mégaphones, un micro, des amplis, des barils de café, des bâches en cas de pluie et quelques slogans bien sentis.

La page Facebook du collectif est aussi le lieu où les militants peuvent rappeler cette règle intangible : tenir les partis politiques et les syndicats en dehors du mouvement. Beaucoup des habitués de la Place du Marché sont encartés au PS, au NPA ou au Front de Gauche. Mais, ici, tous doivent se présenter sans étiquette.

Pour Solène et Elodie, rassembler des personnes d'horizons si différents n'est pas un obstacle. Bien, au contraire, elles y voient l'occasion de débattre de la légitimité des syndicats, des partis politiques et de proposer des alternatives au système capitaliste.

Des partisans venus de tous les horizons

Ce genre mouvement attire aussi des invidus que l'on ne s'attend pas à croiser là. L'événement Facebook annonçant la manifestation a par exemple été créé par un adepte de la théorie du complot. Les opinions radicales de cette personne ne sont en aucun cas représentatives des dizaines de militants présents sur la place. Toutefois, ce détail montre la capacité de ces mouvements à mélanger les torchons et les serviettes dans la plus grande confusion.

Si différents soient-ils, ces militants partagent un sentiment de profond ras-le-bol. "La loi El Khomri n'a été que la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ce gouvernement fait n'importe quoi depuis 2012", enrage Elodie. "J'espère qu'on va arriver à un soulèvement".

L'espoir d'un Podemos français

Selon Solène, la grève n'apporte rien : "le patronnat s'en fout et cela n'emmerde que le petit peuple dans les transports". Occuper une place, se réapproprier l'espace public pour en faire un lieu de débat serait la meilleure solution pour faire émerger une politique alternative. C'est dire si la création du collectif Nuit Debout a suscité un espoir chez ces jeunes en quête de moyens d'expression indépendants des partis politiques.

Le rassemblement de samedi sera un test pour la suite à donner au mouvement. Pour l'instant, rien ne semble en sa faveur : il risque de pleuvoir, ce week-end marque le début des vacances scolaires et les examens approchent pour les étudiants inscrits en faculté.

85 personnes déclarent malgré tout vouloir participer à la manifestation. De quoi donner de l'espoir à Elodie et Solène.

La Nuit Debout est annoncée à partir de 18 heures ce samedi devant l'Hôtel de Ville sur la Place du Maréchal Leclerc, au terme de la manifestation intersyndicale entre la préfecture et Poitiers Sud.
#NuitDebout essaime en Poitou-Charentes
  • Niort : une Nuit Debout s'est tenue place des Halles vendredi soir (page Facebook).
  • Angoulême : un collectif invitait les Angoumoisins à se rassembler dès vendredi à 17 heures place de l'hôtel de ville "pour partager dans la bonne humeur et la convivialité un moment de partage et de réflexion, pour s'engager vers une société alternative" (page Facebook).
  • La Rochelle : une Nuit Debout est annoncée dans le prolongement de la journée de mobilisation intersyndicale prévue samedi, à 11 h 30, cours des Dames, à lauquelle s'est joint le collectif Convergence des luttes (page Facebook ; compte Twitter).
  • Saintes : un appel au rassemblement a été lancé pour ce samedi, 18 heures, place Bassompierre (page Facebook).
  • Rochefort : une Nuit Debout est prévu ce samedi, dès 19 heures, place Colbert (page Facebook).
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