Le 1er avril, une mère et sa fille ont perdu la vie. Les années passent et les accidents continuent sur la RD 4202 entre les Alpes-de-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes, sans qu'aucune mesure ne soit prise par les pouvoirs publics.
Des cercueils noirs alignés, accrochés aux platanes qui bordent la route départementale. Inscrits dessus et bien visibles, la date de l'accident et l'âge de la personne décédée.
Cette opération a été organisée par d'anciens élus, exaspérés par le manque de mesures prises pour éviter de nouveaux drames le long de cette route. "Le ras-le-bol est général d’Annot jusqu’à Villars-sur-Var. On veut que ça s’arrête et que ça stoppe !" s'exclame Richard Champoussin, ancien adjoint au maire d'Entrevaux et qui a aidé à accrocher ces cercueils factices.
"Le ras-le-bol est général d’Annot jusqu’à Villars-sur-Var. On veut que ça s’arrête et que ça stoppe !"
"J’ai téléphoné aux familles endeuillées pour qu’elles soient au courant. On n’a pas mis les prénoms", précise Richard Champoussin qui explique que l'exaspération monte chez les habitants : "Couper les arbres de manière sauvage n’est pas la solution, il faut sécuriser".
Des habitants exaspérés
"Il faut le faire nom de Dieu c’est une histoire d’humain, c’est plus important ! ", Gabrielle Joly-Fenoglio a perdu son fils Clément en 2018. Le décès récent d'une mère de famille et de sa fille de 5 ans sur cet axe ravive sa douleur.
Elle ressent un sentiment d'abandon face au manque de mesures prises par les pouvoirs publics pour sécuriser la route : "On ne comprend rien. Par rapport à l’horreur de ce qui se passe ça manque de pudeur de ne pas s’en occuper tout de suite".
C'est également l'avis de Laurence Mozzatti. Cette habitante de Touët-sur-Var a perdu Lucas, son fils de 15 ans, sur cette route en 2017. "Le risque zéro n’existe pas mais il faut éviter des drames.(...) Pour nos enfants, et quand je dis nos enfants, c’est les leurs aussi" dit-elle en parlant des décideurs politiques.
Les habitants se font aussi entendre sur Internet. "La sécurisation des 300 platanes de la route entre entrevaux et puget-theniers", cette pétition a été mise en ligne le 10 avril et a recueilli cinq jours plus tard près de 1400 signatures. "Nous demandons la sécurisation de l'ancienne "nationale 202" tant fréquentée" écrit Cindy Revel, à l'origine de cette démarche.
Radar, glissière... Des mesures demandées
Lucas Guibert, le maire d'Entrevaux, indique avoir saisi le président du département des Alpes-de-Haute-Provence, le ministre des Transports et l’association pour la prévention routière.
D'après la mairie, il y a eu 18 décès sur les 40 dernières années dont 6 décès depuis 2010 le long de la RD 4202. Lucas Guibert demande la pose de glissières de sécurité, la sécurisation des sorties riverains et un moyen de contrôler la vitesse, comme un radar de zone.
En 2017, deux jeunes de 15 et 22 ans avaient perdu la vie le long de la route. Le maire d'Entrevaux avait déjà demandé des mesures à l'époque mais n'avait pas été entendu.
"J’ai l’impression que les choses avancent enfin" dit Lucas Guibert qui attend la commission départementale de sécurité qui se réunira le 22 avril pour prendre, ou non, des mesures afin d'améliorer la sécurité le long de cette route et d'éviter ainsi de nouveaux drames.