La tuerie du bar des Marronniers avait fait 3 morts en 2006 à Marseille. A partir de lundi, la cour d'assises du Var rejuge le Corse Ange Toussaint Federici, condamné à 28 ans de réclusion fin 2010, avec un nouveau témoin en sa faveur.
Le procès en appel de la tuerie du bar des Marronniers, qui avait fait 3 morts en 2006 à Marseille, s'ouvre lundi devant la cour d'assises du Var, qui rejuge le Corse Ange Toussaint Federici, condamné à 28 ans de réclusion fin 2010, avec un nouveau témoin en sa faveur.
Federici a toujours nié
"ATF", 52 ans, qui avait été interpellé à Paris en janvier 2007, a toujours nié sa participation à cette tuerie. Il assure qu'il se trouvait dans l'établissement pour un rendez-vous avec un mystérieux interlocuteur et que, pris dans la fusillade, il avait reçu une balle dans le genou.
Mais, pour l'accusation, son appartenance au commando ne fait aucun doute. Parmi les éléments à charge, une trace de son ADN retrouvée sur un manchon de fusil à pompe et sa prise en charge, sous un faux nom et un faux motif (chute de moto, puis morsure de chien) dans une clinique discrète de Marseille, la nuit des faits.
Les huit à dix tueurs qui avaient fait irruption, lourdement armés et encagoulés, le 4 avril 2006 vers 21H00 aux Marronniers, seraient venus régler un conflit entre bandes criminelles rivales, touchant au contrôle des machines à sous autour de l'étang de Berre.
Ce secteur était contrôlé par le caïd Farid Berrahma, avant qu'un séjour en prison ne lui fasse perdre la place au profit de rivaux corses. Quand il est abattu ce soir-là, à l'âge de 39 ans, il vient d'être libéré et tente de reprendre la main, sur fond de règlements de comptes. Deux de ses lieutenants sont aussi tués, tandis
qu'un troisième est touché à un pied.
Le premier procès, en novembre 2010 devant les assises des Bouches-du-Rhône, n'avait guère permis de faire avancer les débats, deux témoins revenant sur leurs déclarations initiales au bénéfice de la défense.
Depuis, deux suppléments d'information ont été ordonnés en raison de deux nouveaux témoignages. Le premier s'est avéré fantaisiste. Le second, qui avait conduit à un renvoi du procès initialement prévu en avril, émane d'un Corse originaire de Propriano, se présentant comme la connaissance que Federici devait rencontrer dans
ce café du 13e arrondissement. Ce témoin surprise sera cité par la défense, selon un des avocats d'ATF, Me Dominique Mattei, qui plaidera de nouveau l'acquittement.
"Dans cette affaire, on s'est heurté à plusieurs reprises à ces tentatives de manipulation qui démontrent une puissance d'organisation incontestable", relève le conseil de la famille Berrahma, Me Michel Roubaud, évoquant "une espèce de continuité de délinquance" chez Federici, s'exerçant même derrière les barreaux.
Autre variante, le fait que deux témoins-clés, Paul Bastiani et Toussaint Acquaviva, venus en aide à l'accusé la nuit des faits, sont désormais détenus et devraient être extraits de leur cellule. Soupçonnés d'avoir racketté des discothèques aixoises, ces deux hommes ont été écroués en février lors d'un coup de filet qui a visé des
proches de Federici.
La décomposition des clans criminels en Corse
En toile de fond de l'audience, figure la décomposition des clans criminels en Corse. Le 7 août, l'assassinat de Maurice Costa, l'un des derniers patrons présumés de la bande de la "Brise de mer", a fini de décimer cette organisation bastiaise qui s'était illustrée dans les années 1980 et 90 lors d'une centaine d'attaques à main armée. Dans ce contexte, le groupe des "bergers de Venzolasca", un village de montagne de Haute-Corse, dont Federici est présenté comme le chef de file, apparaît comme l'un des plus puissants clans de l'île. Le frère d'Ange Toussaint Federici, Jean-François, a été mis en examen dans l'affaire du Concorde --un cercle de jeux parisiens, dont le procès aura lieu en mai-juin 2013 à Marseille--, ainsi que dans l'enquête sur le double assassinat des cousins Antoine et Jean-Baptiste Mattei, commis en Haute-Corse en février 2011.
Une trentaine de témoins et une quinzaine d'experts sont attendus à ce procès qui sera placé sous haute surveillance, comme en première instance. Le procès débute lundi matin à Draguignan. Verdict attendu le 17 octobre.