Jérôme Ferrari a été couronné mercredi par le prestigieux prix Goncourt pour "Le Sermon sur la chute de Rome" (Actes Sud), qui fait d'un bar corse l'épicentre d'une fable.
"La délibération a été franche, partagée, longtemps argumentée, rien n'était joué", a commenté l'un des jurés, Régis Debray, entre le jeune Suisse Joël Dicker, 28 ans ("La vérité sur l'affaire Harry Quebert"), Linda Lê ("Lame de fond") et Patrick Deville ("Peste et Choléra").
Jérôme Ferrari a affirmé avoir ressenti en apprenant la nouvelle "une chute de tension qu'on peut considérer comme une définition correcte de la joie". "Bien sûr que c'est une consécration", a-t-il ajouté, confessant se sentir "un peu comme un lapin dans les phares" alors qu'il était photographié et filmé de toutes parts.
La Corse en toile de fond
Le fameux sermon de saint Augustin a été prononcé en 410, dans la cathédrale disparue d'Hippone, devant des fidèles désemparés après le sac de Rome. Augustin les rassure: "Le monde est comme un homme: il naît, il grandit, il meurt".Ce seul passage et les têtes de chapitre du roman sont extraits du Sermon. Le livre emporte le lecteur dans la montagne corse. Un vieil habitant, Marcel Antonetti, est rentré au village ruminer ses échecs. A la surprise générale, son petit-fils Matthieu renonce à de brillantes études de philo pour y devenir patron du bar du village, avec son ami d'enfance, Libero.
Leur ambition ? Transformer ce modeste troquet en "meilleur des mondes possible". Mais l'utopie vire au cauchemar. C'est l'enfer qui s'invite au comptoir. Les ex-apprentis philosophes sont frappés par la malédiction qui condamne les hommes à voir s'effondrer les mondes qu'ils édifient.