"J'ai une rentrée très chargée", reconnaît le nouveau directeur du festival d'Avignon, qui met en scène 3 opéras d'ici décembre, dont "Alceste" et "Aïda" à l'Opéra de Paris, tout en concoctant le programme du plus grand festival de théâtre français et en essayant de baisser le prix des places.
"Alceste" et "Aïda" à l'Opéra de Paris
"Je n'ai pas du tout cherché à construire un diptyque", "Ce seront deux spectacles extrêmement différents, l'un à Garnier ("Alceste" à partir du 12 septembre) et l'autre à Bastille ("Aïda" en octobre)". "Je les ai construits plutôt en opposition, "Alceste" sera un spectacle très théâtral, fait avec des moyens assez simples, assez pauvres, "Aïda" sera beaucoup plus spectaculaire, même s'il n'y aura pas d'éléphants", sourit-il.Dans "Alceste", le décor conçu par Pierre-André Weitz, un fidèle d'Olivier Py, sera volontairement pauvre: "une chaise, un lit, un tableau noir avec un peu de craie". Le chef Marc Minkowski, dont c'est la cinquième collaboration avec Olivier Py, est à la baguette dans un répertoire où il excelle, et la distribution est prometteuse. Sophie Koch incarne la reine Alceste, prête à se sacrifier pour son époux Admète, chanté par le ténor Yann Beuron, à la place de Roberto Alagna qui a renoncé en juin dernier.
Dans, la flamboyante "Aïda", qui revient à l'Opéra après soixante ans d'absence, et qui traîne une réputation de péplum depuis sa création en 1871, Olvier Py, révèlera des moments d'intimité et y lira surtout une histoire très politique, où Verdi décline son engagement en faveur du nationalisme, alors emblématique de la liberté des peuples face aux empires, et une dénonciation du colonialisme.
"Dialogues des carmélites" au théâtre des Champs-Elysées
Le troisième spectacle, "Dialogues des carmélites" de Poulenc, sommet de l'opéra français au XXe siècle, est attendu en décembre au Théâtre des Champs-Elysées. C'est peu dire que cette oeuvre va comme un gant au metteur en scène, baroque et catholique, qu'est Olivier Py, travaillé par la religion, la peur, la mort et la joie. Le livret, tiré d'un scénario posthume de Georges Bernanos, s'appuie sur l'histoire réelle des Carmélites de Compiègne, qui furent arrêtées et guillotinées en 1794. Poulenc en fait un opéra "follement vocal", selon ses propres mots. La fine fleur des chanteurs français sera au service de l'oeuvre, avec dans les rôles principaux Patricia Petibon, Sandrine Piau, Sophie Koch et Véronique Gens.
Baisser le prix des places du festival d'Avignon
Dramaturge et metteur en scène prolifique, tant au théâtre qu'à l'opéra, Olivier Py signe avec "Aïda" sa vingtième production lyrique. Travailleur acharné - "c'est facile, je n'ai pas de famille" -, le nouveau directeur du Festival d'Avignon trouve encore le temps de chanter, puisque son show "Miss Knife chante Olivier Py" poursuit sa tournée en France, et d'écrire la pièce qu'il montera l'été prochain à Avignon.A partir de décembre, il "fait une pause dans le lyrique pour s'occuper du Festival d'Avignon", a-t-il promis mardi sur France Musique. L'édition 2014 d'Avignon est "bien avancée", a-t-il ajouté, précisant qu'il discutait toujours avec les tutelles pour essayer de baisser le prix des places les moins chères, afin de tenir "ce cap difficile du théâtre populaire", à la fois exigeant et accessible à tous.