A l'occasion de la visite du ministre de l'Education nationale à Marseille, le Syndicat des enseignants du 1er degré SNUIpp a préparé une lettre à son attention. Elle dénonce une mise en oeuvre limitée des priorités nationales dans les écoles du centre ville de Marseille.
En voici quelques extraits :"Vous avez lancé une « refondation » de l’Ecole et instauré « la priorité au primaire ». (...)
Néanmoins pour votre deuxième rentrée, la première que vous ayez intégralement préparée, malgré la fin des suppressions de postes et l’amorce de créations, malgré l’annonce d’une relance de la formation professionnelle, la « priorité au primaire » n’est qu’insuffisamment concrétisée dans nos écoles. (...)
Notre département compte près de 180 000 élèves (73 000 à Marseille) et près de 1 200 écoles (450 à Marseille). Les postes attribués à la rentrée (144) cumulés à ceux que vous aviez « rendus » dans le cadre d’un plan d’urgence à la rentrée 2012 (44) restent donc très insuffisants pour faire face à la situation de notre département, tant quantitativement que qualitativement.
Si les priorités que vous avez énoncées dans votre loi de « refondation de l’Ecole » vont dans le bon sens, elles ne sont que bien trop peu mises en oeuvre…
Dans l’école que vous visitez aujourd’hui, un enseignant supplémentaire est présent (depuis plusieurs années) pour 16 classes (400 élèves), sans compter les deux écoles maternelles voisines sur lesquelles il est censé également intervenir en grande section !
Quant à la scolarisation précoce des moins de 3 ans, dans ce quartier, certains élèves de trois ans sont encore à ce jour sur liste d’attente. Les écoles maternelles (non classées en éducation prioritaire contrairement à l’école élémentaire !) étant saturées à 31 élèves de moyenne par classe ! Alors les moins de 3 ans…
Ce constat n’est malheureusement pas limité à cette école. Il touche tout le 3ème arrondissement de Marseille. (...)
Pour en revenir à l’objet de votre visite, le « plus de maîtres que de classes », slogan du SNUipp-FSU que vous avez repris, le dispositif mis en place dans les Bouches-du-Rhône, s’il est positif, demande à évoluer. En effet son « cahier des charges » est trop contraint (...)
.
Votre visite est aussi l’occasion pour nous, de vous informer, de vous alerter plutôt, sur la situation des écoles à Marseille.
Les piscines municipales ferment les unes après les autres, si bien que nombre d’élèves n’y sont jamais allés. Seuls les CE1, et même pas toute l’année, y ont droit. Les stades sont souvent loin (notamment avec les transports RTM), les gymnases trop peu nombreux, et ce ne sont pas les minuscules cours des écoles du centre ville qui peuvent permettre des activités sportives pourtant mentionnées dans les instructions officielles.
Les taux d’encadrement des élèves par les ATSEM a-t-il un équivalent en France ? 1 ATSEM pour 50/60 enfants en élémentaire durant la cantine, 1 ATSEM pour 25/30 en maternelle ! Un grand nombre sont vacataires, ce qui entraîne une rotation fréquente des équipes. Les élèves de maternelle ne bénéficient en moyenne que d’une heure de présence quotidienne d’ATSEM dans leur classe. Tout cela a bien évidemment des conséquences sur les apprentissages, mais aussi le bien être et même sur la sécurité des élèves.
Une campagne de communication municipale (...) a vanté un paradis numérique dans les écoles. La réalité est bien différente.
Un seul ordinateur (pour la direction) en maternelle, une dizaine au mieux (pas toujours reliés en réseau) dans les écoles élémentaires, un parc informatique vieillissant, internet fréquemment inaccessible… Si on s’occupait en priorité de tout cela avant de parler de « tablettes, espace numérique de travail, cartable électronique (?), bureau virtuel (?) », on accéderait surement mieux à la route du B2i qu’au « chemin de l’e-école » ?!
Rappelons également qu’il y a encore quelques années, les écoles en ZEP bénéficiaient d’assistants pédagogiques, ce qui permettait entre autres, de constituer des demi groupes-classe pour se rendre en salle informatique. Car à 25 élèves, c’est un peu compliqué… Et là, la mairie n’y est pour rien !
Dans ce domaine, comme dans celui de l’accompagnement des enfants en situation de handicap ou l’aide administrative à la direction d’école, le ministère de l’Education Nationale doit recruter et former des personnels, sans avoir recours systématiquement à des contrats précaires (CUI) sans garantie de pérennisation, ce qui remet régulièrement en cause nombre d’actions des projets d’école. A Marseille peut-être plus qu’ailleurs, il y a urgence à renforcer cet encadrement.
Voilà, M. le Ministre, ce que nous souhaitions porter à votre connaissance concernant l’école primaire à Marseille.
Pour conclure, M. le Ministre, (...) nous souhaitons (également) que votre passage dans notre ville ne soit pas seulement une visite de conjoncture, parce que « ça va mal », mais vous incite à concrétiser dans les prochains mois “la priorité au primaire”. A Marseille ? Chiche !
Vous aurez compris l’urgence d’investir, Education Nationale et municipalité conjointement, immédiatement et sur le long terme dans l’Ecole".