Le 17 juin 2012, deux femmes gendarmes étaient abattues lors d'une intervention à Collobrières (Var). Pour tenter de clarifier le rôle des deux auteurs présumés, le petit village du massif des Maures a été le cadre d'une reconstitution dans la nuit de vendredi à samedi.
La reconstitution du drame a commencé à la nuit tombée, en présence d'Abdallah Boumezaar, mis en examen pour homicide volontaire et assassinat, et de sa compagne, poursuivie pour complicité de crime et dissimulation de preuves. Une compagnie de gendarmes mobiles sera mobilisée pour boucler le périmètre et assurer le bon déroulement de l'opération.
"Aujourd'hui il s'agit de remettre en situation à la fois le déroulement des faits et les déclarations des mises en examen dans le respect des droits de la défense, notamment au sein de l'appartement où la première gendarme a été abattue et où s'est déroulée une rixe" a expliqué le procureur de la République à Toulon, Xavier Tarabeux, lors d'un point presse organisé peu avant le début de la reconstitution.
Le suspect, âgé d'une trentaine d'années, a reconnu avoir tué Alicia Champlon, une adjudante de 28 ans, et Audrey Berthaut, maréchal des logis-chefs de 35 ans, alors qu'elles intervenaient pour un différend à la suite d'un vol. Le 17 juin 2012, peu avant 23H00, l'homme avait tiré deux coups de feu sur Audrey Berthaut, après une bagarre et s'être emparé de son arme, avant de poursuivre sa collègue dans la rue et de tirer six balles dans sa direction. Son amie serait intervenue dans la rixe. Le couple s'était ensuite enfui à pied avant d'être interpellé sans résistance vers 3h du matin dans le village varois de 2.000 habitants, à 200 m du lieu du crime, après une opération de ratissage de la gendarmerie.
Décrit comme un "impulsif", Abdallah Boumezaar avait été incarcéré de mai 2005 à septembre 2011 pour des faits de violences, de rébellion ou de trafic de stupéfiants. Désormais écroué près de Lyon, il a depuis le drame été condamné à plusieurs reprises, notamment pour avoir incendié sa cellule et frappé des surveillants de la maison d'arrêt de Grasse. Le meurtre d'Alicia Champlon et d'Audrey Berthaut avait suscité une vive émotion au sein de la gendarmerie nationale, qui perdait pour la première fois de son histoire deux femmes lors d'une même opération. Plusieurs milliers de militaires et anonymes leur avaient rendu à Hyères un hommage national au cours duquel le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait prononcé un éloge funèbre. Le président François Hollande s'était également rendu deux mois après les faits à Pierrefeu-du-Var pour rencontrer la famille de l'une des victimes et leurs collègues.