René Schembri, l'enseignant retraité qui comparaît depuis lundi devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence, pour actes de tortures et de barbarie sur son ex-femme, lui a demandé pardon durant l'audience pour des violences sexuelles.
"Je regrette d'avoir été stupide", a dit René Schembri, mettant en avant sa "pudeur" après avoir, depuis le début du procès, nié toute violence, notamment de nature sexuelle, sur son ex-épouse."On a été complices. Mon épouse a dit "j'ai laissé faire" et dit que j'étais un homme digne", a-t-il ajouté, en exprimant ses "regrets" et en demandant "pardon".
"J'assume. Dans l'intimité il y a eu des dérapages, des libertés",
a-t-il déclaré, en demandant à nouveau pardon à ses filles, et à son ex-épouse.
"La relation sado-masochiste, à tout le moins en est une", a estimé l'avocat de l'accusé, Me Frédéric Monneret.
Auparavant, les deux filles du couple avaient livré à la barre des témoignages contradictoires, la cadette prenant la défense de son père et l'aînée celle de sa mère. Catherine, 32 ans, a affirmé ne pas avoir été "du tout" témoin d'actes de violence,
même si "il y avait des disputes de temps en temps".
Les tortures et actes de barbarie? "J'ai appris tout cela par la presse. J'ai du mal à comprendre et à réaliser", a dit la cadette du couple.
"Mon père, j'ai du mal à croire, ma mère j'ai du mal à comprendre
pourquoi elle a réagi si tard si c'est vrai", a-t-elle ajouté, en parlant de "film d'horreur, un cauchemar".
Evoquant la fuite définitive de sa mère, en 2002, elle note que cette dernière ne l'en avait pas avertie. "J'aurais aimé qu'elle me prévienne, comme maintenant".
"Mon père ne m'a jamais rien fait physiquement", a-t-elle encore affirmé, en décrivant un "papa poule". "Ma mère m'a dit que si elle avait obtenu ce qu'elle voulait, au moment de la liquidation des biens, elle n'aurait pas porté plainte", a-t-elle expliqué.
Ses parents se sont revus après le divorce, fait-elle remarquer, sa mère continuant de s'adresser à son ex-mari sous le nom affectueux de "mon matou".
"Tu resteras toujours mon matou, malgré tout", écrivait de fait Colette à René, lui demandant la séparation, en juillet 2002, dans un courrier lu par l'avocat de René Schembri.
Plainte après 32 ans de vie commune
Mme Renault avait porté plainte en 2009 après 32 ans de vie commune marquée, selon elle, par des actes de tortures psychologiques et physiques (une partie d'entreeux sont prescrits).
"La famille est déchirée", a regretté encore Catherine qui dit être depuis "en froid" avec sa soeur et sa mère, restée mardi l'air prostré et les larmes aux yeux devant elle mais à laquelle elle n'a pas adressé un regard.
Autre témoin de la matinée, Sylvie, l'aînée, 43 ans. "J'ai des choses à reprocher à mon père sur un plan personnel," a dit d'emblée celle qui accuse René Schembri de l'avoir violée et qui a coupé les ponts avec lui "pour se protéger", "éviter" d'être sous son "emprise".
Venue témoigner "pour que sa mère retrouve sa dignité de femme", elle a évoqué "la violence, les humiliations, les coups".
"On était tout le temps dans une chape de peur"
bien qu'il y ait eu "des moments où il pouvait se montrer agréable", a encore dit Sylvie, partie à 17 ans du domicile familial.
"Aujourd'hui continuez-vous à être du côté de votre mère"?, demande le président Jacques Calmettes. "Oui", répond Sylvie, mais "c'est elle qui fait ses choix".
Par rapport à son père, elle n'a "pas de haine particulière": "Je veux me protéger, je suis arrivée à une certaine indifférence".
Pourquoi ne pas avoir déposé plainte pour le viol?, l'interroge Me Monneret. "Je n'ai pas eu le courage qu'a ma mère aujourd'hui", répond-elle.
Les experts doivent prendre la parole dans l'après-midi, les plaidoiries n'intervenant que mercredi, au dernier jour du procès.