Bernard Barresi vient d'être condamné en appel à 10 ans de prison par les Assises de Meurthe-et-Moselle. Après 20 ans de cavale, cette figure présumée du grand banditisme marseillais écope de cette peine pour un hold up commis en 1990 sur une bretelle d'autoroute dans le Haut-Rhin.
Bernard Barresi, figure présumée du grand banditisme marseillais a été condamné à 10 ans de réclusion mercredi par les Assises de Meurthe-et-Moselle pour un hold-up vieux de 24 ans, un spectaculaire coup de théâtre après un acquittement en première instance. L'avocat général, Alain Jaumier, avait réclamé une peine de "8 à 10 ans", bien qu'il ait convenu dans ses réquisitions qu'il n'y "avait aucun élément qui permette d'incriminer Bernard Barresi". A l'appui de ses réquisitions, il avait toutefois relevé le train de vie anormalement élevé, durant ses vingt ans de cavale, de cet homme qui se présentait comme un "petit délinquant".
Sans un coup de feu
Le "hold-up de l'A36" avait été réalisé de manière très professionnelle, sans tirer un coup de feu, sur une bretelle d'autoroute à Illzach-Modenheim (Haut-Rhin). Pour ces faits, Bernard Barresi, 51 ans, avait été condamné en 1994 par contumace à 20 ans de réclusion criminelle, avant d'être rejugé en 2012 à Colmar, après vingt ans de cavale. Il avait alors été acquitté. Seuls deux des truands impliqués - sur six au total, au moins - avaient été condamnés. Parmi eux, Bruno Latard, qui a écopé en 1994 de 12 ans de réclusion, et qui avait admis être le cerveau de l'affaire lors du procès de 2012, tout en affirmant que Barresi ne faisait pas partie de l'équipe.Sa tante l'héberge le jour du hold up
Les enquêteurs avaient pour leur part mis en exergue la présence de Barresi à Mulhouse le jour des faits, confirmée par la tante de l'accusée, chez qui il était hébergé. Il avait caché au domicile de cette dernière des sacs qu'il était revenu chercher ultérieurement, mais sa défense a toujours assuré qu'il s'agissait d'une "malheureuse coïncidence". Restait pour l'accusation la personnalité de Bernard Barresi, présenté comme un "parrain" marseillais, en dépit d'un casier judiciaire jusqu'alors toujours vierge.Une fratrie redoutée
Le quinquagénaire d'1,75 m aux yeux bleus se présentait comme un "petit voleur", qui admettait tout juste des "bêtises" de jeunesse et du "travail au black" pendant sa cavale. Car pendant qu'il était condamné par contumace en 1994, Bernard Barresi a pris le maquis. D'aucuns le disaient tantôt en Corse, d'où il est originaire, à Casablanca ou à Marseille. La fratrie Barresi, réputée aussi puissante que crainte, s'est illustrée à plusieurs reprises devant la Justice, tout en affichant ses liens avec les notables de la Canebière. Franck, le benjamin, a été récemment mis en examen dans deux affaires distinctes, l'une pour extorsion de fonds, l'autre pour fraude à la TVA. Début mars, Jean-Luc Barresi, agent de footballeurs, a pour sa part été condamné par la cour d'appel d'Aix-en-Provence à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour une affaire d'extorsion de fonds touchant à des sociétés du port autonome de Marseille.Il mène la grande vie pendant sa cavale
Protégé pour les uns, ou simplement introuvable car la police ne disposait que d'une seule vieille photo pour les autres, Bernard Barresi aurait quant à lui mené grande vie pendant sa cavale, selon l'accusation. Le butin de l'A36 (34 millions de francs de l'époque, soit 5,2 millions d'euros) n'a jamais retrouvé. Les enquêteurs pensent qu'il a été blanchi dans les machines à sous. C'est à la faveur d'un coup de filet dans le milieu corso-marseillais que Bernard Barresi a été interpellé en 2010.Inquiété dans une affaire avec Guérini
Une deuxième information judiciaire le vise depuis l'année dernière: il est soupçonné d'avoir, durant sa fuite, exécuté des marchés publics de BTP, via prête-noms et gérants de paille, affaire pour laquelle le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, a également été inquiété.Il y a une dichotomie entre l'activité de petite délinquance qu'il veut bien concéder et cette vie clandestine opaque"
avait soutenu l'avocat général dans ses réquisitions. La défense s'était pour sa part échinée à dénoncer "une enquête légère" et "des gardes à vue scandaleuses". Dans sa plaidoirie, mardi après-midi, Me Jean-Yves Liénard avait rappelé: "L'innocence est une preuve négative qu'on ne peut rapporter". "Il serait temps dans ce dossier qu'on respecte les règles", avait renchéri Me Eric Dupond-Moretti, sans parvenir à convaincre la Cour.