Sans Ribéry et Nasri, c'est le joueur de l'OM qui est dépositaire du jeu français pour cette Coupe du monde. Il a la confiance de Deschamps pour mener l'offensive. Mathieu Valbuena se transcende en Bleu, lui pour qui rien n'a jamais été facile.
Mathieu Valbuena s'est vu confier les clés du jeu offensif de la France au Mondial par Didier Deschamps, après le forfait de Franck Ribéry et la non-sélection de Samir Nasri, et donne encore raison au sélectionneur, lui qui n'a jamais déçu en Bleu. (Sa fiche technique sur l'Equipe.fr)
Il se fait sa place
Les derniers seront les premiers. Valbuena, c'est l'histoire d'un joueur qui n'a l'air de rien, qu'on ne repère pas du premier coup, mais qui au final se fait une place et devient incontournable. "Mathieu est un maillon indispensable" de l'équipe, confirme d'ailleurs Guy Stéphan l'adjoint de Deschamps : "Il joue dans une position où il n'a pas toujours joué. Didier lui laisse beaucoup de liberté pour dézoner, pour animer le jeu, mais il sait qu'il doit se replier sur un côté à la perte du ballon."Il a une facilité à jouer entre les lignes avec un centre de gravité très bas. Il a une complicité avec les autres joueurs, grâce notamment au redoublement de passes et en plus, il est généreux dans l'effort. Ça fait beaucoup pour un petit bout d'homme"
synthétise Stéphan. Voilà pour les qualités footballistiques dont fait preuve sur un terrain Valbuena. Mais à celles-ci, il convient d'ajouter la persévérance, certainement une des plus précieuses.
Rien n'a été facile pour lui
Car rien n'a été facile pour Valbuena. De ses débuts en amateur à Langon, jusqu'à ce qu'il devienne le dépositaire du jeu français durant cette Coupe du monde, en passant par son histoire mouvementée à Marseille, où il est arrivé en 2006 et qu'il devrait quitter à l'occasion du mercato. Une histoire où l'on retrouve déjà Nasri et Ribéry, alors leaders technique de l'OM et qui s'évertuèrent à longtemps bizuter Valbuena, selon son autobiographie parue en 2012. Et Deschamps à partir de 2010, avec lequel l'incompréhension a fini par faire place à la confiance en trois années de collaboration.Transcendé en Bleu
Durant ses années marseillaises, le natif de Bruges, d'abord frêle, a appris à muscler son jeu sous son 1,67 mètre, mais ce sont ses buts remarqués contre Liverpool ou Dortmund en Ligue des champions qui ont démontré sa capacité à encore éleverson niveau de jeu.
Depuis son plus jeune âge, il a toujours été comme ça. Dès qu'il y a des grands rendez-vous, des gros matches, il aime ça, il aime cette pression"
explique le milieu Rio Mavuba qui l'a côtoyé au centre de formation de Bordeaux. En Bleu, la pression il l'a toujours connue, mais le maillot l'a toujours transcendé à chacune de ses 35 sélections (5 buts, 11 passes décisives). Peu importe si Laurent Blanc ou Deschamps lui préféraient d'autres joueurs, comme Nasri -encore et toujours lui-, qui fit tout pour s'imposer comme le patron en marchant notamment sur ses plates bandes un soir de match amical contre la Finlande en octobre dernier. Mais qui, un mois plus tard, se fourvoya dans le vide de Kiev en barrage aller.
Le torse bombé
Le retour du 19 novembre, ponctué de l'exploit homérique (3-0) contre l'Ukraine, a définitivement installé Valbuena dans le rôle de meneur de jeu des Bleus et c'est le torse toujours plus bombé, les cheveux toujours plus gominés qu'il assume désormais pleinement ce statut. A 29 ans... Au soir de la victoire contre la Norvège en préparation, où il a illuminé le jeu français avec trois passes décisives, Deschamps pouvait être satisfait de son choix, même tardif.Il a été très bien avec nous depuis deux ans. Il est arrivé avec un grand sourire, beaucoup d'envie et sur le terrain ça se voit, ça se ressent. Il a été au niveau de ce qu'il a fait depuis deux ans avec ce maillot bleu-blanc-rouge."
La persévérance paye toujours. Et petit à petit, on devient un peu plus grand...