Les forces de sécurité seront omniprésentes mais discrètes dans les coulisses du Festival de Cannes, après les attentats de janvier et un vol de bijoux estimé à plus de 17 millions d'euros survenu mardi sur la Croisette.
A une semaine de l'ouverture du festival, un braqueur portant un masque de vieillard a réussi mardi à s'introduire dans une bijouterie Cartier, équipée d'un sas et d'un vigile, avant de s'enfuir avec trois complices. Le hold-up rappelle une rocambolesque série de vols de bijoux commis pendant et après le festival en 2013.
Pour les forces de l'ordre, les paillettes de Cannes représentent douze longues journées à surveiller une foule dense, potentiellement dangereuse pour les personnalités qui fouleront le tapis rouge, protégé comme chaque année par une "bulle étanche" de sécurité bien rodée. Durant le festival, la population de Cannes triple pour passer à quelque 210.000 personnes, accompagnée d'un pic de délinquance en mai. "Il y a plus de monde et plus de richesses, des voleurs qui viennent exprès pour l'événement", décrit le commissaire central de Cannes, Philippe Jos. Il faut traquer avec des patrouilles renforcées les cambrioleurs rôdant aux abords des villas, hôtels et boutiques, les voleurs à la tire ou encore les taxis clandestins fondant sur la Côte d'Azur.
Les gangs napolitains sont-ils de retour?
Ils semblent avoir signé un récent vol à l'arrachée d'une montre d'un million portée par un Russe à Antibes, tout proche de Cannes. "Il n'y a pas de risque terroriste particulier identifié", affirme le préfet des Alpes-Maritimes, Adolphe Colrat. Mais le célébrissime Festival international du film, fortement médiatisé, peut constituer "une cible", reconnaît le représentant de l'Etat sur la Côte d'Azur.Le contexte national et international de menaces implique "une sécurité un degré au-dessus de celle de l'an dernier", ajoute-t-il, muet sur le nombre d'hommes déployés sur le terrain. "Le plus important c'est la coordination", insiste-t-il. Le dispositif de sécurité comprendra pour la première fois un centre de commandement unique pour toutes les forces de l'ordre.
L'édition 2015 survient quatre mois après les attentats parisiens contre Charlie Hebdo et un supermarché casher perpétrés par trois jihadistes (17 morts) et près d'un mois après un probable projet d'attentat contre une église en région parisienne. Les Alpes-Maritimes avaient été provisoirement placées en plan Vigipirate "alerte attentats" début février après l'attaque au couteau de trois militaires à Nice par un homme radicalisé.
Le plan a été ramené en avril à "vigilance renforcée", mais ce classement "ne change rien" pour Cannes, note le sous-préfet Philippe Castanet, en charge quotidiennement du plan de sécurité du festival. Dès le coup d'envoi, les réunions seront journalières afin d'analyser les incidents de la veille et anticiper les priorités du jour.
Plus de policiers en civil
"La diversité des risques est considérable", juge Philippe Castanet, en mettant en exergue la cybercriminalité. Ainsi la sécurité des sites internet du Festival de Cannes a été passée au peigne fin, donnant lieu à "des améliorations concrètes".Les réseaux sociaux, avec leurs appels aux rassemblements, seront également surveillés depuis Paris. Il est d'usage de laisser un espace de liberté d'expression, mais les organisateurs préfèrent éviter à une star américaine de croiser un manifestant en colère.
Aux 500 policiers municipaux et nationaux habituellement déployés sur la voie publique, s'ajouteront des renforts ponctuels de la région et quatre compagnies de CRS.
Une zone de sécurité maritime a été tracée, les drones seront interdits de survol, les grands axes de sorties d'autoroute et l'aéroport de Nice seront sous surveillance. En outre, une multitude d'agents de sécurité privés protégera les stars et surveillera les innombrables soirées.
Le maire de Cannes, David Lisnard, rappelle que sa ville dispose de 468 caméras de surveillance, "le réseau le plus dense de France avec
une caméra pour 152 habitants. J'ai obtenu des garanties du ministre de l'Intérieur. Il y aura un effort particulier sur ce qui ne se voit pas: le renseignement et la surveillance en civil".