Ce 15 juin est la journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes âgées. Les signalements sont en augmentation au centre interdépartemental ALMALPES de Paca. Les plus vulnérables sont les femmes de plus de 75 ans, grande majorité des victimes.
"Le petit-fils vient chez la grand-mère, il prend son lit et il l'a fait dormir dans le couloir sur un matelas".
"Ma mère reste toute la journée avec les mêmes couches, on veut pas la changer parce qu'il est prévu que deux couches par jour".
"Elle se sert de sa carte bleue en lui faisant croire que c'est pour faire ses courses, en définitive, elle remplit sa voiture pour elle".
En cinq ans de bénévolat au centre interdépartemental ALMALPES, Robert Flandin en a entendu des histoires de maltraitance : psychologique, physique ou financière. C'est rarement la victime elle-même qui appelle. Que la maltraitance se fasse au domicile ou en Ehpad, c'est souvent son entourage qui lance l'alerte.
La délégation présidée par Robert Flandin couvre les départements des Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence, du Vaucluse et du Var. L'association reçoit aussi des signalements par le numéro vert 3977, qui centralise 2.500 appels par an à la fédération nationale d'Allô Maltraitance.
En 2021, 280 dossiers ont été ouverts suite à des signalements, qui sont venus s'ajouter à plus de 200 autres déjà pris en charge.
Les plus vulnérables des vulnérables
Un premier constat : 80 % des cas concernent des femmes, 72 % sont des personnes âgées et les plus de 75 ans sont les plus représentées. Dans 81% des cas, la maltraitance dénoncée a lieu au domicile.
"La première aide, c'est une écoute, après on les oriente vers des assistantes sociales, soit des organismes médico-sociaux, et si c'est plus grave c'est au plan judiciaire en écrivant au procureur de la République ou au juge des tutelles", explique Robert Flandin. L'association dépose sept à huit plaintes par an. "Et on demande aux personnes qui sont capables de le faire, de le faire aussi", ajoute-t-il.
Depuis le scandale des Orpea, la parole se libère dans les institutions. Parfois ce sont les professionnels eux-mêmes qui donnent l'alerte, mais le plus souvent ce sont les familles.
"On a beaucoup de signalements, on doit avoir entre 15 et 20 % de signalements en plus dans les Ehpad, note le président d'ALMA 04-05-83-84. Il s'agit même de signalements avec des victimes décédées et on assure à la famille qu'on fait suivre à notre fédération pour que ces dossiers soient pris en compte".
Des signalements confidentiels et anonymes
La délégation provençale d'ALMA dispose de six écoutants qui prennent les signalements et de cinq référents qui assurent le suivi des dossiers. Elle recherche des bénévoles prêts à donner un peu de leur temps pour étoffer son équipe d'écoute et d'accompagnement.
Ces bénévoles assurent les permanences au 04.86.49.14.94, trois demi-journées par semaine.
La plateforme nationale 3977 est quant à elle ouverte du lundi au vendredi de 9 à 19h, les samedi et dimanche (de 9h- à 13h et 14h à 19h). Elle est accessible aux sourds et malentendants. Le dispositif garantit la confidentialité. Les appelants peuvent conserver l'anonymat et les appels n'apparaissent pas sur les relevés téléphoniques.
La journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes âgées est l'occasion pour Robert Flandin de lancer un appel aux "personnes qui ont connaissance de maltraitance sur nos aînés, qu'ils n'hésitent pas à nous contacter pour que cette maltraitance cesse et qu'ils soient vigilants sur ce qu'il se passe autour d'eux".
En France, on estime que seuls 5% des situations de maltraitance donnent lieu à des signalements. Selon l’Organisation mondiale de la santé, un senior sur dix serait victime de maltraitance chaque mois, à domicile ou en institution.