Le ZDAC Fest (pour "Zone de défense active de la culture") a lieu à Forcalquier dans les Alpes-de-Haute-Provence de ce mardi 8 à jeudi 10 août. Un rendez-vous à l'initiative du Café des libertés, un collectif local s'étant fait connaître pour ses actes de désobéissance civile.
"On vous dit que ça va bien se passer, Madame !" Dans les Alpes-de-Haute-Provence, le festival sauvage de Forcalquier n'a pas encore commencé que déjà, le ton monte aux abords du terrain vague occupé en toute illégalité par le collectif Le Café des libertés, à deux pas du centre-ville.
D'ordinaire, cet endroit appartenant à un propriétaire privé que les militants ont réquisitionné fait office de parking. Beaucoup garent leur voiture ici avant d'aller faire leurs courses, le lundi, quand c’est jour de marché. Mais aujourd'hui, forcément, ça coince. En l'occurrence avec une personne venue se plaindre du manque de passage.
"C'est une dame qui râle tout le temps, on a l'habitude, souffle Merlin Longuet, fondateur du mouvement et organisateur de l'événement. "Ici, une partie des habitants nous soutient et vient nous aider, il y a aussi ceux qui ont peur, et on les comprend."
Roots, rock, reggae
Le ZDAC Fest (pour "Zone de défense active de la culture) est prévu sur trois jours, les 8, 9 et 10 août, en présence d'une quarantaine d’artistes solo ou de groupes issus des cultures rock, rap et reggae. Tous sont engagés, acceptant d’être payés "au chapeau" : leur rémunération dépendra de ce que voudront bien donner les festivaliers. Les prix sont libres.
Au-delà de la musique, des activités seront proposées aux enfants. Sont aussi envisagées des rencontres avec les acteurs locaux du militantisme. L’occasion de faire l’état des lieux du domaine de la lutte : dérèglement climatique, déforestation, pollution, crise sociale et politique...
Plusieurs milliers de personnes sont attendues pour ce « petit Woodstock », comme les membres du collectif surnomment ce festival.
Quand festival rime avec illégal
Contrairement à celui de Woodstock en 69, le festival de Forcalquier n'a pas été autorisé.
Il n’a même jamais été déclaré en préfecture. Or, à partir de 500 personnes attendues, toute manifestation festive doit être soumise à déclaration préalable, sans quoi l'organisateur s'expose à une amende (pouvant aller jusqu'à 1.500 euros) et à la saisie de son matériel. Un acte de « désobéissance civile », dont Le café des libertés est coutumier.
Né en plein Covid et issu de la mouvance « anti-dictature sanitaire » ou « anti-vax », le collectif avait notamment pris possession d’une ancienne briqueterie de Forcalquier durant près de cinq mois pour y mener des actions sociales et culturelles, avant d’être délogé par les forces de l’ordre.
Notre esprit, c'est de venir coloniser les colons !
Martin Longuet, à France 3 Provence-Alpes
Mais Le Café des libertés n'avait encore jamais monté un événement d’une telle ampleur sans en avoir le droit.
Merlin Longuet, figure de proue du mouvement local de rébellion, ne craint ni les forces de l’ordre (« On compte sur leur expérience dans le gardiennage de la paix, ils n’ont aucun intérêt à ce que ça dégénère ! »), ni les éventuels problèmes de sécurité : « On a une grosse équipe avec nous, se félicite-t-il. Il y a aussi des pompiers et des blouses blanches suspendus pour avoir refusé de se faire vacciner contre le Covid et n’ayant toujours pas repris le travail qui nous ont rejoints. »
Pour l'heure, seules quelques dizaines de militants sont sur site, à la veille de l'ouverture. Partout l'on s'agite, des petites mains sont aux prises avec les raccordements électriques. Et il y a fort à faire : « On part de rien ! », s’exclame-t-on encore.
La scène principale est prête. Un système de brumisateur aussi est en passe d’être déployé, « parce que ça va chauffer », nous dit-on… Dans quel sens faut-il le prendre ?
[Contacté, le maire (ex-LR) de Forcalquier David Gehant n'a pas encore répondu à notre sollicitation.
Il s'est toutefois exprimé devant nos confrères de La Provence, disant condamner "cette manifestation qui provoquera des nuisances certaines pour les riverains". "Nous avons adressé de nombreux courriers, notamment au procureur de la République, pour dénoncer cette situation, déclare-t-il encore. Désormais il en revient aux autorités compétentes d'agir."]